Vanessa Bamberger : Alto Braco

Alto Braco        par      Vanessa Bamberger.

Liana Levi (2019) 236 pages ; Piccolo (2020) 256 pages.

 

 

L’Aubrac, ses terres rudes, ses fermes, sa gastronomie, Laguiole… Ce massif que se partagent trois départements : l’Aveyron, la Lozère et le Cantal, Vanessa Bamberger m’y a ramené, me plongeant d’abord dans une histoire familiale compliquée, puis elle a emporté mon adhésion avec son immersion dans la nature sauvage et son analyse  de l’élevage.

 

 

Alto braco ne signifie pas « haut lieu » comme indiqué en quatrième de couverture, version que donne d’abord l’autrice mais qu’elle rectifie peu avant la fin : « La teinte brune de la tourbe de l’Aubrac, dont l’origine occitane, alto braco, signifiait donc « haute boue » et pas « haut lieu » comme je le croyais. »

 

Vanessa Bamberger (photo ci-dessous) mène son roman en quatre parties comme un grand repas, avec Mise en bouche, Hors-d’œuvre, Viandes et Entremets, ainsi qu’on aime le faire, là-haut du côté de Laguiole ou Nasbinals. Pourtant, tout commence à Paris et on y reviendra régulièrement avec les limonadiers aveyronnais et cantalous qui, dans les années 1980, possédaient encore les trois quarts des cafés-tabacs de l’Île-de-France.

 

La narratrice, Brune Salazard, fille d’un bistrotier, est élevée par ses deux grands-mères, comme elle les appelle : Douce et Annie Rigal, cette dernière étant surnommée Granita. Elles tiennent toutes les deux un bistrot, le Catulle, rue Catulle-Mendès, dans le 17earrondissement.

 

 

C’est la mort de Douce qui va ramener Brune et Granita sur l’Aubrac, retour pour l’enterrement, à Lacalm. Cela va déclencher une avalanche de retrouvailles, de mises au point et de révélations surprenantes et bouleversantes, touchant Brune au plus profond d’elle-même.

 

 

L’autrice m’a régalée de descriptions détaillées, de précisions bien senties chaque fois qu’elle monte sur l’Aubrac ou qu’elle part en balade. Elle découvre le plateau où vit et travaille encore une bonne partie de sa famille.

 

 

C’est au cours de ses pérégrinations sur l’Aubrac que surgit immanquablement le débat sur l’élevage et sa conséquence, la consommation de viande. La recherche du profit a enclenché un processus constaté dans toutes les filières de l’élevage, absurdités dictées par l’appât rapide du gain mais contribuant un peu plus au saccage de notre planète.

 

 

« D’après Granita, sur l’Aubrac, les vaches avaient plus de valeur que les êtres humains. On y trouvait plus de vétérinaires que de médecins. » Cela n’empêche pas les éleveurs  de vendre leurs veaux aux Italiens pour qu’ils les engraissent au maïs et autres ajouts dangereux pour notre santé, pratiques aberrantes pour le bien-être de ces animaux. Certains éleveurs tentent de changer, de passer à l’élevage bio, comme Clémence, ou encore à l’élevage raisonné mais reste le poids des mauvaises habitudes.

 

 

Sur fond de bonne cuisine et de consommation de viande excessive comme le constate souvent la narratrice, Alto Braco se termine de façon un peu décevante car Vanessa Bamberger prouve, hélas, que lorsqu’on est déraciné, c’est très dur, voire impossible de revenir au pays.

Jean-Paul

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