Mathias Malzieu : Une sirène à Paris

Une sirène à Paris      par    Mathias Malzieu

Albin Michel (2019), 237 pages.

Prix Babelio imaginaire 2019

 

 

Depuis déjà quelques années, Mathias Malzieu (photo ci-contre) s’inscrit dans le paysage littéraire. Non seulement il est fantastique sur  scène avec Dionysos ou en solo mais, en plus, il sait étonner et passionner son lecteur comme je l’ai été par Une sirène à Paris.

 

 

Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance car j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire passablement déjantée avec un héros, Gaspard, qui se débat pour respecter la mémoire de Sylvia, sa grand-mère. Cette femme qui a créé une péniche salle de spectacle, le Flowerburger, mettait en avant l’imagination, appelant ceux qui n’hésitent pas à sortir des sentiers battus, les Surprisiers.

 

 

Nous sommes le 3 juin 2016. Il pleut sans arrêt et la Seine monte. Gaspard Snow, le dernier des Surprisiers, arrive à la péniche où Henri confectionne des sandwichs aux pétales de fleurs. Gaspard est artiste, compose, chante, enregistre sur cet étonnant appareil, sorte de photomaton pour la voix : le voice-o-graph. Il se déplace à rollers et vit un grand chagrin d’amour, Caroline l’ayant quitté.

 

Son père veut vendre la péniche mais Gaspard s’y oppose. Jusque-là, je ne suis pas trop passionné par cette histoire dans laquelle foisonnent les références musicales car l’auteur connaît son sujet. Gaspard appelle son chat Johnny Cash et je croiserai encore Leonard Cohen, Nick Cave, Serge Gainsbourg, June Carter, Nancy Sinatra, Jane Birkin, PJ Harvey, Kylie Minogue… L’auteur a bon goût !

 

Tout change lorsque, par un miraculeux hasard, en pleine décrue, Gaspard rencontre une sirène échouée au bord du fleuve : « Ce poisson-fille était si beau que, même les yeux fermés, Gaspard ne parvenait pas à soutenir son regard. »

 

Comment mener une histoire avec un pareil personnage imaginaire, la dernière sirène encore en vie ? Mathias Malzieu y parvient très bien, se charge même de détails concrets mais tout se gâte très rapidement. Lula, c’est son nom, est blessée et, naturellement, Gaspard la conduit aux urgences où, faute de carte vitale, il ne peut la faire admettre.

 

 

C’est à partir de là que l’histoire se complique et devient de plus en plus passionnante, palpitante jusqu’au bout. Lula a appris à se défendre des hommes et son chant fait des ravages. Une certaine Milena, urgentiste, ne lui pardonne pas d’avoir causé la mort de son collègue et amant, Victor.

 

 

En cours de lecture, j’aurais bien aimé que Gaspard et Lula vivent heureux ensemble, aient beaucoup d’enfants… mais c’est impossible. Les autres êtres humains s’en mêlent et l’histoire s’emballe. De très poétique, l’histoire se transforme en thriller et il faut s’accrocher pour suivre le tuk-tuk emprunté par Gaspard…

 

 

Une sirène à Paris se termine sur un rythme effréné, les pages tournent à une vitesse folle et notre surprisier se révèle un digne héritier de Sylvia, sa grand-mère.

Jean-Paul

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