Elena Ferrante : L'amie prodigieuse I

L’amie prodigieuse        par      Elena Ferrante.

 nrf, Gallimard – Du monde entier (2014) 388 pages ; Folio (2016) 448 pages.

Traduit de l’italien par Elsa Damien.

Titre original : L'amica geniale.

 

 

Voilà un livre fort de son immense succès dans le monde entier et dont l’auteur utilise un pseudonyme : Elena Ferrante. L’amie prodigieuse est le premier tome d’une série qui en compte trois autres. C’est une lecture dense, prenante, passionnante car elle plonge dans le quotidien d’un quartier populaire de Naples, à la fin des années 1950.

 

 

Comment ne pas croire que ce roman comporte une grande part d’autobiographie ? Elena Greco, la narratrice, raconte tout ce qu’elle vit, tout ce qu’elle voit, reliant tout son vécu à Lina, son amie prodigieuse. Il ne faut pas se perdre dans toutes les familles croisées au cours du récit ni s’égarer dans les prénoms ou diminutifs. La narratrice est appelée aussi Lenuccia ou Lenù, son amie s’appelle en réalité Raffaella, tout le monde la nomme  Lina sauf Elena qui l’appelle Lila…

 

 

Cette fameuse amie captive Elena qui tentera toujours de l’imiter, de la dépasser, cherchant sans cesse, malgré quelques brouilles, de connaître son avis sur tel ou tel problème. Cela commence bien sûr dans les jeux de l’enfance avec cette poupée jetée dans une cave puis introuvable et cela se poursuit à l’école. Si Lila était maigre comme un clou, ébouriffée, sale avec la langue bien pendue et d’une détermination absolue, Elena se décrit ainsi : « J’étais une fillette aux boucles blondes, toute mignonne, heureuse de me faire valoir mais pas effrontée. »

 

 

La vie dans le quartier est souvent très animée : « Les femmes se battaient entre elles encore plus que les hommes, elles s’agrippaient par les cheveux et se faisaient mal. » Don Achille est considéré comme « l’ogre des contes ». Lila entraîne Elena chez lui pour récupérer leurs poupées et cela donne une belle description d’une famille et de son appartement.

 

 

L’adolescence arrive enfin avec la poursuite ou non des études, tous les problèmes financiers que cela pose, les changements physiques, les premiers émois amoureux… Le récit devient de plus en plus prenant avec ce débat sur la fabrication des chaussures car le père de Lila est cordonnier et travaille avec son fils, Rino. L’auteure précise souvent si la langue parlée est le dialecte napolitain ou, plus rarement, l’italien.

 

 

 

L’institutrice, Mme Oliviero, tient aussi une place importante et sera consultée régulièrement. L’influence de la camorra commence à poindre avec cette famille Solara qui cause une tension extrême dans le quartier.

 

 

Elena partant pour le lycée, son père lui fait enfin découvrir Naples, le Vésuve et la mer puis filles et garçons apprennent à danser. Lila change, attire tous les regards et quelques déclarations d’amour. Les relents du fascisme remontent à la surface et ces jeunes des quartiers populaires réalisent toute l’injustice sociale de leur origine : « Nous nous sentîmes à la fois mal à l’aise et enchantées, moches mais aussi enclines à nous imaginer comment nous deviendrions si nous avions les moyens de nous rééduquer, nous habiller, nous maquiller et nous pomponner comme il fallait. »

 

 

Le temps passe et Elena Ferrante accompagne bien tous les événements, les coups de théâtre, les bagarres et ce mariage qui ne résout rien car : « La plèbe, c’était nous. La plèbe, c’étaient ces disputes pour la nourriture et le vin, cet énervement contre ceux qui étaient mieux servis et en premier ce sol crasseux sur lequel les serveurs passaient et repassaient et ces toasts de plus en plus vulgaires. La plèbe, c’était ma mère, elle avait bu et maintenant se laissait aller, le dos contre l’épaule de mon père qui restait sérieux, et elle riait bouche grande ouverte aux allusions sexuelles du marchand de ferraille. »

Jean-Paul

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Bonjour Jean-Paul,<br /> Voilà une présentation "cousue main" de ce premier tome de la saga "L'amie prodigieuse" d'Elena Ferrante qui invite à lire cet ensemble de romans réalistes quant à cette population napolitaine de l'après guerre. Une fresque qui grouille de vies où deux fillettes sont rassemblées par leur soif d'apprendre les faisant à la fois rivales et amies. J'ai aussi vivement apprécié cette lecture et, curieusement, c'est à partir de la série télévisée diffusée d'abord sur Canal + puis, plus récemment, sur FR.2 que j'ai eu envie de lire les romans d'Elena Ferrante bien plus riches en subtilités psychologiques et en peinture de la société italienne à travers ses classes sociales, ses conflits et ses aspirations. <br /> Ma présentation du livre I : <br /> https://www.mirebalais.net/2020/12/lire-l-amie-prodigieuse-tome-1-elena-ferrante.html<br /> Merci de votre visite sur mon blog et de votre commentaire sous mon billet : "Socrate à vélo".<br /> Bonne journée.<br /> P.L. alias farfadet 86 du "Mirebalais Indépendant".
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