Jean-Christophe Rufin : Check-point

Check-point       par    Jean-Christophe Rufin.

nrf, Gallimard (2015) 386 pages ; Folio (2016) 416 pages.

 

 

Si Jean-Christophe Rufin m'a régalé dans chacun de ses livres (Rouge Brésil, Le Grand Cœur, Immortelle randonnée, Le collier rouge), avec Check-point, il réussit un véritable thriller, un roman qui m'a happé de la première à la dernière ligne tout en abordant le thème des missions humanitaires, sujet devenu très ambigu ces dernières années, un sujet qu’il connaît très bien.

 

 

Après un prologue qui met l’eau à la bouche, voilà deux camions de 15 tonnes partant de Lyon pour Kakanj, en Bosnie-Herzégovine : « On est des humanitaires, pas des touristes », rappelle Lionel, chef de de la mission « La tête d’or », une œuvre caritative lyonnaise.

 

 

Au fil des pages, j'ai fait connaissance avec les quatre autres membres du groupe : Maud (21 ans), Vauthier (40 ans) qui sont avec Lionel dans le premier camion, plus Alex et Marc, dans le second. Lorsqu’ils approchent de la Krajina, « Il n’y avait encore aucune trace de combats, à part celui que les hommes menaient de toute éternité contre la nature pour en tirer leur subsistance. »

 

 

Dans le groupe, l’ambiance est lourde lorsqu’ils arrivent au premier check-point. L’auteur (photo ci-dessous), membre de l’Académie française, n’oublie pas de justifier l’emploi de cette expression à la place de point de contrôle : «…l’expression du chaos, de la violence et du morcellement que connaissent les pays soumis à une guerre civile… »

 

 

Les tensions s’aggravent dans le groupe en même temps que chaque personnalité se révèle un peu plus. Alex et Marc ayant énervé quelques miliciens, Lionel décide de les séparer. Maud remplace Marc dans le deuxième camion et roule donc avec Alex qui ne tarde pas à livrer quelques confidences.

 

L’enclave croate de Kakanj est encerclée par les Musulmans, eux-mêmes encerclés par les Serbes. Le but est de ravitailler femmes, enfants et vieillards pris au piège car ils sont réfugiés dans une mine de charbon. Un camion tombe en panne, les révélations se succèdent et tout s’emballe soudain. Marc et Vauthier se battent. Respiration : un poteau indicateur troué de balles annonce « Sarajevo : 120 km » et l’auteur rappelle que, « Dix ans plus tôt, quand la ville accueillait les Jeux Olympiques, on pouvait venir se balader ici pour la journée depuis la capitale et pique-niquer en famille. »

 

 

Avant de passer un pont, quand Lionel annonce qu’ils viennent de Lyon, un ancien joueur professionnel de Lens, milicien armé jusqu’aux dents réagit : « Lyon ! Félicitations. Un grand club, l’OL. On les rencontrait tous les ans et chaque fois, on se prenait deux-zéro. » Ils venaient de quitter le QG de l’ONU et l’horreur ne tarde pas : « C’était une nature triste qui portait en elle le malheur. » Dans un champ, femmes et enfants massacrés. On accuse Arkan, chef de guerre incontrôlé.

 

 

À partir de là, tout s’emballe, deux membres du groupe franchissent une ligne invisible et je n'ai pas pu lâcher le livre… C’est pourquoi je n’en dirai pas plus.

Jean-Paul

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