Didier Decoin : Le Bureau des Jardins et des Étangs

Le Bureau des Jardins et des Étangs        par      Didier Decoin.

Stock (2017), 384 pages ; Le Livre de Poche (2018) 384 pages.

 

Nous sommes au XIIe siècle, dans l’Empire du Japon, avec Katsuro, le meilleur pêcheur de carpes et fournisseur des étangs sacrés du royaume, et sa femme,  Miyuki.

 

 

Katsuro se noie et c’est Miyuki, sa veuve, qui va le remplacer et porter à la capitale les carpes, dans les viviers à poissons suspendus à la palanche, perche de bambou, placée sur ses épaules.

 

 

C’est un périple de plusieurs centaines de kilomètres qu’elle va alors entreprendre, un périple durant lequel elle va devoir affronter la nature et les hommes.

 

 

La mémoire des moments magnifiques vécus avec Katsuro, l’homme qu’elle a tant aimé et dont elle certaine qu’il chemine à ses côtés, vont lui permettre d’affronter tous ces dangers.

 

 

 

C’est un livre éblouissant, tout de beauté, de poésie, d’une incroyable sensualité.

 

 

J’ai été vraiment bouleversée par ce roman de Didier Decoin (photo ci-contre) qui permet de renouer avec tous nos sens : la vue avec ces magnifiques paysages si bien décrits mais aussi l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat qui occupe une place majeure dans ce livre: « Qu’arriverait-il si sa perche se prenait dans l’écheveau de leurs racines charnues, ramifiées, emmêlées les unes aux autres ? Et si les carpes, sentant l’odeur doucereuse et rampante de l’étang, s’agitaient alors au point de sauter hors de leurs nacelles ? Glauque à la lumière du jour, la pièce d’eau s’était assombrie avec la nuit, elle était à présent vitreuse, noire et dense comme de l’encre de calligraphie. »

 

 

Le Bureau des Jardins et des Étangs est un roman qui dégage un subtil parfum d’innocence retrouvée.

Ghislaine

 

 

Le Bureau des Jardins et des Étangs        par      Didier Decoin.

Stock (2017), 384 pages ; Le Livre de Poche (2018) 384 pages.

 

 

Vivre des instants délicieux, palpitants et parfois angoissants dans l’Empire du Japon, au XIIe siècle, c’est ce que m’a offert la lecture du dernier roman de Didier Decoin : Le Bureau des Jardins et des Étangs.

 

 

Même si les personnages très attachants du roman captent l’attention, les véritables vedettes sont les carpes, personnalisées par l’auteur avec un amour et un sens de la description rarement égalés.

 

 

Ces carpes, Amakusa Miyuki – au Japon, le prénom vient toujours après le nom - doit s’en occuper car son mari, Katsuro, s’est noyé dans la rivière, la Kusagawa, alors qu’il devait en livrer à Heiankyõ, où réside l’empereur, afin d’agrémenter les bassins impériaux gérés par le Bureau des Jardins et des Étangs.

 

 

Miyuko se retrouve donc seule, elle qui s’était mariée par « intrusion nocturne ». Katsuro avait le double de son âge et sa présence, son amour l’accompagnent tout au long du livre, souvenirs délicieux d’une vie commune bien trop brève. L’auteur nous gratifie d’une magnifique séquence érotique après avoir présenté son héroïne : « Une féminité pure et infantile émanait de sa peau lisse et fraîche que Miyuki ponçait à la fiente de rossignol pour la blanchir davantage. »

 

 

À pied, avec une lourde et fragile charge sur les épaules, cette palanche qui supporte deux bacs contenant les carpes qu’il faut garder vivantes malgré tous les aléas d’un chemin semé d’embûches. Une halte dans une auberge, la Cabane de la Juste Rétribution, apprend à Miyuki le vrai travail de celles que l’on nomme « les empileuses de riz » et voilà qu’elle passe sa première nuit hors de chez elle.

 

 

Au fil des pages, les traditions, les croyances vivaces dans un pays où « huit cent mille dieux règnent », sont bien détaillées toujours avec précision.  On apprend que « Le bouddhisme, dont l’influence était grandissante, tenait la mise à mort pour l’une des souillures dont il était difficile de se purifier. » À cette époque, le tanka est l’ancêtre du haïku. Chaque mot japonais utilisé est traduit et souvent expliqué en bas de page sans gêner la lecture.

 

 

Des détails incroyables, d’une finesse étonnante agrémentent un récit qui intrigue, surprend, angoisse parfois. Dans le domaine des senteurs, des parfums, le summum est atteint à Heiankyõ où Miyuki rencontre enfin Nagusa Watanabe, le Directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.

 

 

J’ai découvert « la sapidité de l’eau - une saveur douce, légèrement alliacée, avec un arrière-goût de cèleri, de champignon… »

 

 

Miyuki aussi s’étonne : « … il lui sembla bien, en effet, qu’un parfum singulier montait de la partie basse de son corps. C’était une odeur tiède, fruitée, avec une légère acidité qui rappelait un peu l’astringence de la chair de kaki. »

 

 

Il faudrait citer encore tant d’expressions savoureuses, pleines de délicatesse et de finesse qui font de ce roman un voyage merveilleux.

Jean-Paul

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