René Frégni : Les vivants au prix des morts

Les vivants au prix des morts        par     René Frégni.

nrf - Gallimard (2017), 187 pages ; Folio (2019) 208 pages.

 

Cela aurait pu être une belle balade dans les environs de Manosque, bercé par le chant des oiseaux que René Frégni sait bien nous montrer. Il faut attendre que tout bascule pour que ce livre prenne aux tripes.

 

 

Dans Les vivants au prix des morts, l’auteur se met en scène. Il décide d’écrire son journal pendant qu’Isabelle, sa charmante compagne, exerce son métier d’institutrice. Comme pour toutes les bonnes résolutions, il débute cela un 1er janvier. « J’observe les hommes, je fréquente les arbres », note celui qui a longtemps donné des cours aux personnes détenues dans la prison des Baumettes, à Marseille.

 

 

 

Justement, le 11 janvier, il reçoit un appel de Kader, un ancien de son atelier d’écriture qu’il voyait chaque lundi, derrière les barreaux. Kader est en cavale. Il lui demande de l’aide mais c’est un danger : « Un danger qu’avaient forgé, heure après heure, jour après nuit, pendant plus de vingt ans, ces forteresses de béton, d’acier et de violence que l’on aperçoit de loin… »

 

 

 

 

René Frégni (photo ci-dessous) parle de ce qu’il connaît avec précision et émotion. Toutes les souffrances, tous les dégâts causés par l’enfermement sont bien décrits. « En prison, pendant des années, on regarde les murs, il y a toujours un mur à quelques mètres. Le paysage, l’horizon, ça n’existe pas. »

 

 

 

 

Les confidences de Kader sont là pour étayer la réalité de ce qu’il décrit. Il combat aussi les inepties qui se racontent : « C’est pas les salafistes qu’il faut combattre, René, c’est la pauvreté, c’est l’injustice. » Pourtant, héberger Kader n’est pas une sinécure et René se tue au travail pour évacuer le stress jusqu’à une issue qui n’échappe pas au désir profond de liberté.

 

 

 

 

Dans ce livre, la nature qu’elle soit sauvage ou modelée par l’homme, est très présente, décrite avec beaucoup de talent mais c’est l’analyse de l’enfermement des êtres humains et ses conséquences qui ressort et doit faire réfléchir.

Jean-Paul

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