Karine Giebel : Toutes blessent, la dernière tue

Toutes blessent, la dernière tue         par      Karine Giebel.

Belfond (2018), 735 pages ; Pocket Thriller (2019) 800 pages.

 

« Vulnerant omnes, ultima necat. At eae quas ad vos consumsi me delectaverunt : Toutes blessent, la dernière tue. Mais j’ai aimé celles passées auprès de vous. » Karine Giebel (photo ci-contre) met le latin en exergue de son dernier roman mais confirme surtout son titre officieux de « reine du polar ».

 

 

Je dois avouer d’abord que je n’avais jamais lu cette auteure et je reconnais que j’ai été vraiment subjugué par cette découverte permise par Masse Critique de Babelio et les éditions Belfond que je remercie.

 

 

Un peu impressionné par la taille du livre, j’ai constaté que les pages tournaient vite jusqu’à ne plus pouvoir lâcher le livre ! Karine Giebel manie superbement le suspense, les retournements de situation, les rebondissements inattendus, laisse entrevoir une solution évidente puis change complètement l’issue envisagée. Bref, elle m’a tenu en haleine et je me suis régalé malgré tant de souffrances insupportables…

 

 

De plus, au travers de la terrible histoire de Tama, petite Marocaine confiée à l’âge de 8 ans, à Mejda qui lui offre une poupée,  « Un moment inoubliable, l’un des plus beaux jours de ma vie. », c’est l’esclavage des enfants dans notre Europe dite évoluée qui est dénoncé tout au long du livre.

 

 

Dès l’arrivée en France, cette Mejda est soudain beaucoup moins gentille car elle vend Tama à Thierry et Sefana Charandon pour qu’elle soit leur domestique : « Finalement, j’étais la mère de tout le monde. Je n’étais plus personne. » Tama n’est même pas son vrai prénom. Elle doit travailler et se taire !

 

 

Parallèlement à cette vie dans un honorable logis parisien, l’auteur nous emmène près de Florac, dans les Cévennes, où Gabriel recueille une inconnue. La mort rôde, compagne toujours menaçante pour un homme qui n’arrive pas à évacuer un terrible drame familial.

 

 

Rapidement, la vie de Tama sombre dans l’horreur avec coups, tortures et ces scènes reviennent assez régulièrement me faisant poser la question de la récupération physique après de tels sévices qui vont au-delà du supportable.

 

Tama est magnifique d’abnégation, de volonté, de résistance. Seule, elle apprend à lire en récupérant les vieux livres des enfants du couple : « Ils rechignent à aller à l’école, alors qu’elle rêve d’apprendre. »

 

 

Quant à Gabriel, il n’arrive pas à sortir d’une spirale infernale : « Gabriel contemplait ses mains, chauffées à blanc, ses mains capables de tout. Capables de bâtir, de défendre, de caresser. D’échiner, de détruire. D’offrir ou de reprendre. Ses mains, capables de tuer. »

 

 

Difficile d’en dire plus sans nuire à la lecture mais il faut simplement citer encore Izrir et Tayri qui jouent un rôle décisif dans ce roman.

 

 

Si ce livre permettait de prendre conscience de ce que subissent, à huis clos, ces enfants originaires d’Afrique ou d’Asie et d’agir pour que cela cesse enfin, son but serait atteint.

Jean-Paul

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