Jim Fergus : Les Amazones

Les Amazones        par    Jim Fergus.

(Les journaux perdus de May Dodd et de Molly McGill, édités et annotés par Molly Standing Bear).

Troisième tome de la trilogie Mille Femmes blanches.

Traduit de l’anglais (USA) par Jean-Luc Piningre.

Titre original : Strongheart.

Le cherche-midi. (2019) 369 pages ; Pocket (2020) 480 pages.

 

Avec Les Amazones, je boucle la fameuse trilogie de Jim Fergus qui avait débuté avec Mille femmes blanches, livre suivi par La Vengeance des mères.

 

 

Cette formidable épopée, hommage aux populations indiennes d’Amérique du Nord, se déroule sur un peu plus d’un an et demi mais que d’événements, que d’émotions, que de portraits intimes réussis !

 

 

Parti d’une idée qui aurait pu être réalisée : envoyer des femmes volontaires ou non, rejetées par leur famille, sorties des geôles ou des asiles pour aller tenter de normaliser, de blanchir ces Indiens que les Yankees voulaient à tout prix assimiler ou écarter puis éliminer afin de pouvoir s’emparer de leurs terres ancestrales.

 

 

Ce sont deux lointains descendants des deux narratrices qui ont pu récupérer leurs journaux : Molly Standing Bear et Jon W. Dodd III. Elle est restée une Indienne farouche, décidée à tout faire pour sauver les filles, très nombreuses, kidnappées puis forcées à se prostituer dans les grandes villes d’Amérique du Nord. Lui est journaliste, à Chicago, et c’est son père qui avait commencé à publier Mille femmes blanches dans son magazine. Petit à petit, Molly qui est très amoureuse de Jon, lui confie les journaux perdus de Molly McGill ainsi que ceux de May Dodd.

 

 

Les présentations passées, j’avais hâte de me plonger dans la vie quotidienne de ces femmes blanches ayant finalement découvert toutes les valeurs des Cheyennes et d’autres tribus. Qu’on aime ou non leur façon de vivre, force est de reconnaître leur amour, leur respect de la nature et leur faculté d’adaptation aux éléments naturels.

 

 

Le bison qu’ils appellent leur frère, vit en nombre et leur apporte l’essentiel pour se nourrir, se vêtir, s’abriter mais l’armée US n’a de cesse de détruire les troupeaux pour installer le chemin de fer et s’emparer des terres. Ce que nous considérions comme le progrès apporte en fait maladies, perversion, trafic et destruction.

 

 

Au travers des récits détaillés de May et Molly, j’ai partagé vie quotidienne, espoirs, souffrances, bonheurs, plaisir charnel mais aussi la peur, l’effroi devant les massacres systématiques perpétrés dans les villages indiens où femmes, enfants, vieillards étaient massacrés sans pitié.

 

 

Les Amazones sont ces femmes guerrières, inspirées par l’antiquité, qui s’entraînent, se musclent et deviennent aussi performantes que les hommes. J’ai adoré l’épisode des jeux disputés avec la tribu des Shoshones où Phemie, seule noire du groupe, et celles qui forment les « Cœurs vaillants, Strongheart » rivalisent de force et d’adresse. C’est aussi  l’occasion d’apprendre l’histoire du cheval sur le continent américain mais aussi de trembler lorsque le terrible Jules Seminole, homme sans foi ni loi, rôde dans les parages.

 

 

Jim Fergus (photo ci-contre) ne se contente pas de me faire vivre avec les Indiens de 1876, constamment pourchassés par l’armée aidée par les Crows, les Loups, ces Indiens qui ont trahi leur peuple pour passer du côté des Blancs, mais il connecte tout cela à la situation actuelle. Il donne à voir la vie des Indiens aujourd’hui dans les réserves et le résultat n’est pas folichon. D’ailleurs, « les trois quarts des Indiens d’Amérique, l’Alaska y compris, vivent aujourd’hui dans les villes et non dans des réserves. Beaucoup de filles sont enlevées en pleine rue et tombent dans les griffes des réseaux de prostitution. » Tout cela en toute impunité.

 

 

Mille femmes blanches se termine donc avec Les Amazones. Cette trilogie m’a beaucoup appris, m’a aussi ému, révolté souvent. Si ce magnifique roman pouvait améliorer le sort de descendants des peuples natifs d’Amérique, ce serait tellement bien !

Jean-Paul

 

 

Les Amazones       par    Jim Fergus.

(Les journaux perdus de May Dodd et de Molly McGill, édités et annotés par Molly Standing Bear).

Troisième tome de la trilogie Mille Femmes blanches.

Traduit de l’anglais (USA) par Jean-Luc Piningre.

Titre original : Strongheart.

Le cherche-midi. (2019) 369 pages ; Pocket (2020) 480 pages.

 

Je viens enfin de pouvoir lire Les Amazones, dernier opus de la trilogie Mille femmes blanches. Mon seul regret est de ne pas avoir pu enchaîner les trois volumes.

 

Il m’a fallu un peu de temps pour me resituer et refaire connaissance avec les différents personnages, mais ensuite, quel plaisir de renouer avec cette épopée romanesque !

 

Jim Fergus alterne les journaux de Molly McGill et ceux de May Dodd datés de 1876. Ils vont d’ailleurs se croiser et s’entrecroiser pour notre plus grand plaisir. C’est Molly Standing Bear, une indienne vivant à notre époque qui confie ces journaux à Jon W. Dodd, rédacteur en chef de Chitown, un magazine de Chicago, pour qu’il les publie, sous forme de feuilleton, comme avait pu commencer à le faire son père Will, avant qu’il ne meure brutalement. Molly et Jon sont des descendants de ces deux femmes.

 

L’auteur nous emporte dans les épreuves qu’affrontent ces femmes et ces enfants presque seuls rescapés du peuple indien en cette fin de XIXe siècle, dans leur fuite,  et nous confronte à la lutte continuelle qu’ils doivent mener face à l’oppression. Il nous plonge dans leurs coutumes, leurs croyances, leur magie et leurs superstitions, nous faisant vivre au plus près leur vie quotidienne, tout cela dans un décor grandiose. Il réussit à nous immerger dans cette culture indienne si différente de la nôtre avec un talent fou. Il nous offre un véritable conte où l’humanisme tient un rôle central, sans omettre de parler des différentes tribus et des divisions qui peuvent exister au sein du peuple indien.

 

En peignant ces fabuleux portraits de femmes, si fortes et si courageuses l’écrivain nous offre un troisième tome qui est un véritable roman féministe, passionnant nous permettant s’il en est encore besoin de revisionner les westerns avec un autre regard !

 

 

L’époque actuelle est bien présente avec les personnages de  Molly Standing Bear (Molly Ours Debout) et Jon W. Dodd, nous rappelant ce à quoi la politique de « civilisation » des tribus a conduit. Comment rester impassible à la lecture des chiffres publiés dans le New York Times du 12 avril 2019 révélant le sort des femmes Amérindiennes, un bilan  que Jim Fergus (photo ci-contre) insère dans son récit page 283 ?

 

 

Cette trilogie en forme de saga-fiction époustouflante, vivante, dans laquelle l’homme blanc, une nouvelle fois, n’est pas à son avantage,  permet d’approcher au plus près  la vie de ces Indiens épris de liberté, respectueux de la terre et des animaux et dont les derniers survivants doivent aujourd’hui vivre dans des réserves.

 

 

C’est un récit émouvant, bouleversant, un récit d’aventures avec de nombreux retournements de situations, beaucoup de suspens, de sensualité aussi, et parfois teinté d’humour mais surtout très instructif.

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

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D
sympa comme toujours vos deux chroniques.<br /> J'avais lu mille femmes blanches lors de sa sortie, il y a bien longtemps, puis forcément celui-ci, il me reste la vengeance des mères, pas encore eu le temps. mais j'ai vraiment beaucoup aimé, et appris grâce à ces romans. Jim Fergus est un conteur hors pair.
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J
C'est pour cela que nous tenions à aller au bout de la trilogie parce que c'est si bien raconté, mêlant adroitement le passé et le présent, ravivant la mémoire d'une civilisation qu'on nous présentait si mal lorsque nous étions plus jeunes...
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