Pierre Rabhi : Du Sahara aux Cévennes

Du Sahara aux Cévennes       par    Pierre Rabhi.

Éditions du Candide (1983), Albin Michel (1995, 2002, 2017), 304 pages.

 

 

Du Sud algérien au sud de l’Ardèche, l’itinéraire de Pierre Rabhi (photo ci-contre) intrigue et passionne à plus d’un titre. Tout ce qu’il réalise en faveur de l’agroécologie afin de réconcilier l’homme avec la nature motive de plus en plus de monde comme toutes ses conférences le prouvent. Voilà pourquoi ce livre, édité pour la première fois, en 1983, par un petit éditeur ardéchois, connaît toujours autant de succès.

 

Cet Itinéraire d’un homme au service de la Terre-Mère, comme l’ouvrage a été sous-titré lors de sa réédition en 2002, est passionnant et plein d’enseignements pour chacun. Cela va bien au-delà de la simple mise en culture de terres parce que Pierre Rabhi, né en 1938, a d’abord grandi à Kenadsa, une oasis qui a vu naître deux autres écrivains : Malika Mokeddem et Mohamed Moulessehoul, connu sous le nom de Yasmina Khadra.

 

Après avoir baigné dans le monde imaginaire de l’enfance, aux portes du désert, voilà que son père qui fut forgeron, mécanicien, horloger, électricien, bâtisseur, musicien, poète et guérisseur, veut pour lui le meilleur et décide de le confier à un couple de Français. Sa mère était morte alors qu’il n’avait que 4 ans. Après avoir été initié à l’ésotérisme musulman, le jeune Rabah Rabhi se trouve écartelé entre deux civilisations, se fait baptiser et prend le prénom de Pierre.

 

Toujours avec beaucoup de sensibilité, il raconte les recommandations de son père qui lui ordonne de ne pas manger de porc ni de boire du vin, sa découverte du rêve magique des petits Européens, le Père Noël, avant de découvrir la mer, les autos, le tram… Quand il raconte cela au village, on ne le croit pas !

 

À Oran, c’est la vie en appartement pendant qu’au village, les houillères du sud transforment son père en mineur, changeant complètement la mentalité d’une population qui savait vivre en autosuffisance. Lui, il travaille dans une banque mais il est fâché avec les chiffres, rétif aux impératifs financiers. Seuls les rapports humains l’intéressent. Deux mois après avoir quitté la banque, il embarque sur le Clémenceau alors qu’il vient de voir son pays déchiré par la guerre. Ses nouveaux amis chrétiens sont indifférents au sort des Algériens et son père adoptif a choisi le camp de l’Algérie française…

 

Magasinier dans une entreprise de banlieue, il fait la connaissance de Michèle, partageant avec elle les mêmes goûts, les mêmes valeurs, les mêmes préoccupations, s’intéressant aussi à la musique, au théâtre, à la littérature. C’est la réponse encourageante du Dr Pierre Richard qui est en train d’essayer de créer le Parc national des Cévennes qui pousse le couple à tenter de s’installer là-bas, dès 1960.

 

 

 

 

« Le rêve prend de l’ampleur, je m’y noie complètement. » Rien n’est facile. Son corps est brisé par le travail qu’il apprend auprès de paysans qui l’embauchent avant qu’il n’achète enfin cette ferme dont ils rêvent : « une grande coquille déserte ». Le livre détaille toute l’aventure, 7 ans passés en manque d’eau, 13 ans sans électricité, 6 enfants à élever et cette terre ingrate, rocailleuse, bonifiée grâce à « l’agriculture organique, facteur de cohérence, de joie et d’autonomie. »

 

 Jean-Paul

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