Robert Seethaler : Le dernier mouvement
-
Le dernier mouvement par Robert Seethaler.
Traduit de l’allemand par Élisabeth Landes.
Titre original : Der letze Satz.
Sabine Wespieser éditeur (2022) 122 pages.
/image%2F3417118%2F20220912%2Fob_0f0e9b_31wyvrw2ozl-ac-sy780.jpg)
Petit bouquin de 122 pages, Le dernier mouvement de Robert Seethaler (photo ci-dessous) brosse le portrait tout en intériorité de Gustav Mahler né en 1860, plus célèbre en son temps comme chef d’orchestre mais dont le nom reste attaché aujourd’hui à une œuvre de composition dont la dimension orchestrale et l’originalité musicale jettent un pont entre la fin du 19e et le début du 20e siècle.
Il m’a permis de faire connaissance plus amplement et surtout plus intimement avec Gustav Mahler, cet homme certes petit par la taille et au tempérament maladif, mais au talent ô combien grandissime !
L’écrivain autrichien imagine la dernière traversée de l’artiste, gravement malade, sur le paquebot Amerika qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York. Il mourra peu de temps après, il avait 50 ans.
/image%2F3417118%2F20220912%2Fob_391e9e_291e563-1649843546353-robertseethaler.jpg)
Emmitouflé dans une chaude couverture de laine et adossé à un container sur le pont supérieur du paquebot, échangeant quelques rares mots avec un jeune garçon de cabine affecté à son service,
/image%2F3417118%2F20220912%2Fob_3c91a0_auguste-rodin.jpg)
Gustav Mahler (photo ci-dessous) en proie à la fièvre et à la solitude se tourne vers son passé, des souvenirs surgissent, son appartement à Vienne, son mariage avec Alma, pour lui, la plus belle femme de Vienne. Il revoit également leur maison d’été à Toblach dans le Sud Tyrol, où avait été bâtie sa cabane de composition (photo ci-dessous). Lui reviennent les images de ses voyages en Amérique, des souvenirs de soirs de représentation...
/image%2F3417118%2F20220912%2Fob_0e0b09_250x250-gettyimages-924931762.jpg)
Parmi ces souvenirs, il en est un qui ne cesse de le hanter, la mort de sa fille aînée Maria à l’âge de 5 ans, emportée par la diphtérie. Il décrit également son désespoir lorsque récemment il découvre que sa femme Alma entretient une relation avec un architecte.
Deux rencontres, celle avec Auguste Rodin (photo ci-dessus) et celle avec Sigmund Freud permettent de tisser un lien avec l’époque.
Celle avec l'un des plus importants sculpteurs français de la seconde moitié du 19ᵉ siècle donne lieu à une scène de pose qui m’a littéralement sidérée tant l’un, Rodin, fait preuve d'une humeur renfrognée, morose et bourrue et l’autre, Mahler, d’une impatience inqualifiable ! La sculpture du buste n’aurait sans doute pas vu le jour sans la diplomatie dont ont fait preuve ce jour-là, Claire de Choiseul, dernière grande passion d’Auguste Rodin et Anna, l’épouse de Mahler.
/image%2F3417118%2F20220912%2Fob_cdd78f_mahler-haeusschen-toblach-copyright-pa.jpg)
En imaginant ce dernier voyage de Gustav Mahler, accompagné par cette émergence de souvenirs plus ou moins douloureux portés par une musique omniprésente, Robert Seethaler ne nous livre pas une autobiographie exhaustive de cet homme illustre mais nous offre plutôt une sorte de survol musical nostalgique de quelques moments particuliers qui ont rythmé et marqué la vie de Mahler.
/image%2F3417118%2F20220912%2Fob_44890d_rodinparis3106b.jpeg)
Récit court et simple mais intense et poétique, Le dernier mouvement est également une poignante méditation sur la puissance de la création.
Ghislaine