Delphine de Vigan : Les gratitudes

Les gratitudes      par    Delphine de Vigan.

JC Lattès (2019), 172 pages ; Le Livre de Poche (2020) 192 pages.

 

 

 

 

Une nouvelle fois, Delphine de Vigan explore les sentiments les plus nécessaires à notre humanité. Après Rien ne s’oppose à la nuit, D’après une histoire vraie et Les loyautés, j’ai aimé lire Les gratitudes, aimé être dérangé, bouleversé, ému, attendri par ces choses de la vie devant lesquelles nous passons trop souvent sans faire attention.

 

 

 

J’ai suivi Marie, responsable d’une crèche, célibataire trentenaire sans enfant… pour l’instant, qui ne laisse pas tomber celle qui l’a recueillie, rassurée, aidée lorsqu’elle était enfant et que sa propre mère était défaillante.

 

 

 

 

Cette personne qui commence à perdre les mots se nomme Michèle mais on l’appelle Michka depuis toujours. Elle était photographe puis correctrice dans un grand journal. Elle qui était si pointilleuse pour garder le mot juste, bafouille, dit un mot pour un autre, n’y arrive plus, ne peut plus rester seule chez elle. L’Ehpad (établissement hospitalier pour les personnes âgées dépendantes) est la seule solution.

 

 

 

L’autrice décrit aussi les cauchemars de Michka, cauchemars pas si loin de la réalité avec cette directrice cassante, obnubilée par la rentabilité de son établissement… Heureusement, celle que rencontre Michka est douce et avenante.

 

 

Arrive Jérôme, l’orthophoniste, qui vient pour des exercices et là, Delphine de Vigan (photo ci-dessous) fait preuve encore d’une grande maîtrise et connaissance des problèmes liés au vieillissement, toujours avec humour. Le jeu entre Michka et Jérôme est plein d’enseignements et de surprises.

 

 

Michka a une obsession : retrouver le couple qui l’a recueillie pendant la guerre pour les remercier. Ces gens l’ont cachée, protégée, lui évitant les camps de la mort, chance que ses parents n’ont pas eue. Cette quête apporte une bouffée d’oxygène à la fin du livre.

 

 

 

Au moment où la vie décline, où nos forces, nos capacités mentales nous abandonnent, il faut être accompagné, ne pas se retrouver tout seul. Michka a eu une vie intense, des métiers qui l’ont accaparée totalement et la voilà dans l’ambiance de cette maison de retraite avec les mesquineries, les tracasseries, les idées que l’on se fait. C’est pourquoi les visites des gens de l’extérieur sont si importantes.

 

 

Dire merci avant qu’il ne soit trop tard, dire merci aux êtres qui nous sont chers, c’est tellement fondamental que nous oublions de le faire. Pensons à exprimer nos gratitudes à ceux qui nous ont élevés, se sont occupés de nous, sans attendre, sans laisser advenir la fin inéluctable.

Jean-Paul

 

Les gratitudes   par Delphine de Vigan.

JC Lattès (2019), 172 pages.

 

Delphine de Vigan (photo ci-dessous) a su trouver les mots et le ton justes pour nous parler de la vieillesse et de la perte d’autonomie : sans apitoiement, sans pathos, sans larmoiement, de façon réaliste et avec beaucoup de délicatesse.

 

 

 

Madame Seld, de son prénom Michka, est une ancienne correctrice pour un grand magazine. Cette vieille dame que Marie aimait beaucoup et sans qui elle ne serait peut-être plus là, décède. Elle se demande alors si elle l’a assez remerciée, si elle lui a suffisamment montré sa reconnaissance et si elle a été assez proche, assez présente, assez constante…

 

 

Lui reviennent alors les instants partagés : « J’essaie de retrouver ce jour où j’ai compris que quelque chose avait basculé et que le temps dorénavant nous serait compté. »

 

 

Le récit de Marie débute. Elle nous raconte comment Michka a rapidement perdu son autonomie jusqu’au jour où elle a dû quitter son appartement pour l’EPHAD. Marie ne sera plus alors, la seule personne à nous narrer ce que sera cette nouvelle vie. Se joindra à elle Jérôme, l’orthophoniste qui, deux fois par semaine, se rend auprès de Michka pour des exercices afin de repousser l’affaiblissement mental.

 

 

On apprend aussi que le plus grand regret de Michka est de n’avoir jamais pu exprimer l’immense gratitude au couple qui l’a recueillie pendant la guerre et leur témoigner sa profonde reconnaissance.

L’autrice explore donc aussi le thème des non-dits, des mercis trop longtemps retenus et qu’on n’a plus l’opportunité de dire.

 

 

Les gratitudes est un roman bouleversant qui nous touche au plus profond. L’émotion est très forte tout au long du roman. Mais Delphine de Vigan arrive à nous faire sourire quand Michka qui confond les mots ou ne les retrouve plus, les remplace par des mots aux sonorités similaires et cela nous permet de respirer. C’est un livre empli de douceur, de tendresse et de poésie qui m’a bouleversée.

 

 

Je pense qu’on ne peut pas sortir tout à fait indemne de cette lecture car qui n’a pas appréhendé un jour ou l’autre de se retrouver en EHPAD et d’être plus ou moins bien traité et qui n’a pas non plus regretté de ne pas avoir su remercier en temps voulu un être cher ?

Ghislaine

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog