Léonor de Récondo : Manifesto

Manifesto      par    Léonor de Récondo.

Sabine Wespieser éditeur (2019), 179 pages ; Points (2020) 144 pages.

 

 

Autour d’un moment dramatique, la mort de son père, Léonor de Récondo (photo ci-contre) a écrit son Manifesto qui se passe dans la nuit du 24 au 25 mars 2015. L’autrice est avec Cécile, sa mère, au chevet de Félix de Récondo qui agonise. C’est là qu’elle imagine ce père qu’elle adore en pleine discussion avec Ernesto, Ernest Hemigway, qui a connu les heures sanglantes de l’Espagne en pleine guerre civile et vécu au Pays basque dont est originaire la famille de Récondo.

 

 

La discussion entre les deux hommes est entrecoupée par un retour régulier à la réalité, par l’angoisse de la fille qui, aux côtés de sa mère, trouve le temps très long, trop long et déborde en même temps d’amour.

 

 

Ernesto évoque ses souvenirs d’enfance, la pêche à la mouche, alors que Félix parle du Pays basque, de Franco, de la guerre perdue, de Gernika et de cet arbre, un chêne défendu par une chaîne humaine. Ernesto aimait les toros, la corrida et c’est pour cela qu’il revenait en Espagne.

 

 

Dans ce petit livre, Léonor de Récondo s’est livrée à un exercice difficile et l’a réussi. Son texte est plein d’amour, de sensibilité, d’humanité. Logiquement, Ernesto est plutôt en retrait mais sert de lien entre Félix et l’Espagne, la fuite de la dictature franquiste. Impossible, en lisant cela de ne pas penser, entre autres, à Leny Escudero. Dans Le début… la suite… la fin, livre paru hélas en auto édition en 2015, il raconte aussi son parcours et ses problèmes d’adaptation dans son pays d’accueil, le nôtre.

 

 

Avec beaucoup d’émotion et de franchise, l’autrice parle de la fin de vie, de l’hôpital et du dévouement admirable du personnel soignant. Sans savoir si le mourant s’en rend compte, la présence des êtres chers à son chevet pour l’accompagner montre que l’essentiel c’est l’amour.

 

 

Je n’oublie pas ce violon sculpté, fabriqué par Félix, violon si cher à Léonor de Récondo qui en joue admirablement. Par petites touches, la fille démontre tout ce qu’elle doit à ce père artiste qui aimait travailler en présence de Cécile. C’est une vie qui s’achève après tant de souffrances, de douleurs, de joies et de bonheurs partagés.

 

Jean-Paul

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M
C’est plutôt insolite d’avoir recours à un écrivain absent pour faire parler un père aux portes de la mort. Un échange pour mieux comprendre une certaine époque qui a dû façonner la vie du père sans doute. Merci pour ce partage intéressant.
Répondre
J
C'est tout à fait vrai et d'ailleurs, j'ai remarqué qu'au fil du livre, elle faisait parler de moins en moins Ernesto, privilégiant naturellement son père. <br /> Merci pour votre commentaire.
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