Jean-Pierre Dutilleux : Raoni, mon dernier voyage
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RAONI par Jean-Pierre Dutilleux
Mon dernier voyage
Arthaud (2019), 245 pages
Dans Raoni, Mon dernier voyage, Raoni, un des chefs les plus connus d’Amazonie, confie ses mémoires à Jean-Pierre Dutilleux, cinéaste et auteur de nombreux ouvrages, articles et reportages à propos du monde premier. Il a également réalisé le film « Raoni » sélectionné au Festival de Cannes (1977) et nominé aux Oscars (1979). Ce long métrage a lancé la renommée mondiale du chef Kayapo Raoni qu’il avait rencontré en 1973 pour la première fois.
Dans ce récit recueilli par Jean-Pierre Dutilleux, Raoni décrit son expérience vécue à partir des années 1960 et sa rencontre avec les Kuben (l’univers étranger à celui des Indiens). Il va alors prendre conscience qu’il doit tout faire pour sauver son peuple et la forêt, trésors qu’il faut protéger.
En 1989, Jean-Pierre Dutilleux, alias Kritako, inusable soutien, lui présente Sting qui pourra peut-être aider les Indiens à protéger leurs terres. Avec Sting, Kritako crée une fondation pour la défense des Indiens. En effet, le chanteur s’engage à faire connaître leur cause, organisant un concert avec ses amis rock stars : Bruce Springsteen et Peter Gabriel, à São Paulo. Raoni comprend que pour gagner ce combat, il est nécessaire de répandre le message, non seulement au Brésil mais dans le monde entier.
Ils vont donc participer à une tournée des pays occidentaux afin de sensibiliser le monde à la cause des Indiens d’Amazonie et aux dangers de la déforestation. Lors de cette tournée, ils rencontreront les plus grands, qu’ils soient rois, pape ou présidents. C’est ainsi que François Mitterrand, Jacques Chirac, le prince Charles, Juan Carlos d’Espagne et le pape leur ont ouvert les portes de leur palais.
Les Norvégiens, quant à eux, ayant beaucoup de forêts, comprennent mieux l’importance de protéger celles d’Amazonie. Ils y créent une nouvelle fondation. Raoni apprend en plus que tout au nord de la Norvège, il y a aussi des Indiens, les Lapons ou plus exactement les Samis.
En 1993, sera créée la plus grand réserve indienne du Brésil, la réserve du rio Xingu. Une carte situant cette réserve, imprimée en début d’ouvrage, est très utile.
Tout semblerait avoir été fait pour alerter le monde sur l’importance de la biodiversité et des Indiens dans leur rôle de gardiens de la forêt primaire, mais la vigilance est de mise car les frontières de la grande réserve sont sans cesse menacées par des entreprises forestières, minières et agricoles, « des chasseurs, pêcheurs, bûcherons, fermiers continuent de violer notre forêt au mépris de la loi. Nous n’avons pas les moyens de surveiller cet immense territoire. » En fait, « en défendant notre réserve, nous protégeons l’humanité toute entière. Et le poumon du Brésil. »
D’autre part, Raoni insiste sur le fait que l’argent a pollué les esprits et il est inquiet pour l’avenir car les jeunes Indiens n’ont souvent qu’une idée : ressembler aux Blancs !

Pour terminer, je dirais que le bandeau du livre offre un résumé très explicite : SOS pour l’Amazonie. À noter la magnifique photo de couverture très colorée avec Raoni et son célèbre plateau labial. Les photos commentées incluses sont également très belles et très intéressantes.
Raoni, un personnage qui aura et qui a déjà sa place dans l’Histoire et dont Masse Critique de Babelio et les éditions Arthaud que je remercie, m’ont permis de bien connaître la vie et le combat.
Ghislaine