Marc Dugain : L'emprise

L’emprise     par    Marc Dugain.

nrf, Gallimard (2014), 312 pages, Folio (2015), 368 pages.

 

 

Il faut plonger dans cette trilogie de L’emprise qui, même si elle date de quatre ans pour son premier opus, est on ne peut plus actuelle. Menant son histoire, exemples à l’appui, Marc Dugain décortique ce monde politique censé gouverner un pays alors que bien d’autres forces sont à l’œuvre et sont efficaces. Le récent exemple du lobby de la chasse face au ministre de la Transition écologique est encore dans toutes les mémoires.

 

 

 

Rapidement, je me suis attaché à Lorraine, cette policière agent des services secrets qui élève seule son fils, Gaspard, atteint du syndrome d’Asperger, un autisme dit léger. Hélas, dans ce genre de livre, il faut accepter d’abandonner un personnage émouvant pour en découvrir d’autres comme Philippe Launay. Ce député d’une circonscription située entre Normandie et banlieue, a été élevé par sa grand-mère. Il visite son père qui collabora pendant l’Occupation, dans une résidence médicalisée. De plus, il baise avec Aurore, sa chargée de communication et prépare la prochaine élection présidentielle.

 

 

 

L’auteur est réaliste à propos de ce monde politique qui s’agite à intervalles réguliers : « Le rythme tertiaire du quinquennat était toujours le même : enthousiasme, déception, accoutumance ; et de cette accoutumance naissait la crainte d’un vrai changement qui, par bonheur pour les électeurs, ne s’était pas produit pendant les cinq années écoulées. » L’histoire, quant à elle, se complique rapidement avec son lot de magouilles et de compromissions. Malgré les beaux discours, c’est l’argent le moteur essentiel, un argent dont ceux qui en possèdent le plus ne sont jamais rassasiés. Côtoyer les dirigeants des grands groupes n’est pas dans mes habitudes aussi je préfère Lars Sternfall, ce syndicaliste mis au courant d’un plan bien ficelé pour financer la campagne de Launay.

 

 

Pour plonger efficacement dans L’emprise, il faut aussi connaître : Blandine Habber, dirigeante évincée, Charles Volone, autre dirigeant qui sait bien nager, Ange Corti, patron de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et surtout Lubiak, le grand rival politique de Launay.

 

 

Au contact de ces hommes politiques qui briguent le poste le plus élevé, Marc Dugain (photo ci-dessus) est réaliste comme le portrait de Marquet, le conseiller en communication de Lubiak, lui en donne l’occasion : « Il n’abordait jamais idéologiquement le thème de la mondialisation, considérant que les idéologies sont à l’homme ce que la corbeille est au chien. »

 

 

Ces hommes et ces femmes aiment, se séparent, se trompent et les couples ne donnent pas une image très gratifiante, l’amour ne triomphant jamais face à la cupidité et à l’arrivisme. De plus, leurs enfants connaissent de gros problèmes.

 

 

Enfin, il y a les services secrets dont Lorraine fait partie. DGSI, DGSE et CIA interviennent régulièrement utilisant tous les moyens pour suivre, écouter, espionner les uns ou les autres. Pendant ce temps, la vie sur Terre est menacée : « Cette planète sera de toute façon ruinée par la surpopulation, une surpopulation que les pauvres encouragent parce que les enfants sont leur seule richesse, et que les riches encouragent parce que les pauvres sont leur futur marché. »

 

Jean-Paul

Autres livres de Marc Dugain présentés sur le blog :

- L'insomnie des étoiles.

   - Une exécution ordinaire.

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