Delphine de Vigan : Les loyautés
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Les loyautés par Delphine de Vigan
JC Lattès (2018) 202 pages ; Le Livre de Poche (2019) 192 pages.

Lorsque j’ai terminé ce roman passionnant, intrigant, dérangeant, signé Delphine de Vigan, j’ai relu la première page - ce que je conseille fortement - car l’auteure définit remarquablement ce que sont ces fameuses loyautés :
« Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants – ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d’ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires. »
Quelques lignes suivent encore mais lisez ce livre et revenez à cette première page indispensable après avoir suivi Théo, Hélène, Cécile et Mathis, les quatre personnages essentiels dont on vit les tourments.
Si tout tourne autour de Théo, collégien trimballé dans un incessant va-et-vient hebdomadaire entre une mère et un père séparés et en conflit, les trois autres sont très importants. Mathis va avoir 13 ans comme Théo et se trouve dans la même classe. Une amitié solide les unit. Hélène est professeur principal de leur classe. Elle est intriguée par cet élève qui lui paraît maltraité.
D’un personnage à l’autre, l’histoire se déroule sur un temps assez restreint mais j’ai découvert avec stupeur l’engrenage infernal de l’addiction à l’alcool chez un adolescent et son ami sans que les adultes qui les côtoient ne se doutent d’une chose aussi grave, ces mêmes adultes étant renvoyés à leur passé, très douloureux aussi.

Delphine de Vigan (photo ci-contre) dont j’avais apprécié Rien ne s’oppose à la nuit et D’après une histoire vraie, réalise, avec Les loyautés, un roman totalement différent posant tout de même des questions essentielles sur les rapports parents-enfants. Au travers du cas du père de Théo, elle montre la destruction d’un homme plongé dans les affres du chômage alors que celui de Mathis, bien sous tous rapports, révèle une autre face des plus sombres.
L’étude psychologique que propose ce roman est fine. Elle permet, dans un cadre parisien, de suivre deux générations qui peinent énormément à communiquer et cela peut mener au désastre. C’est très noir mais j’ai refermé ce livre avec un espoir qui pourrait engendrer, peut-être, une suite.
Jean-Paul