Raphaël Jerusalmy : La confrérie des chasseurs de livres
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La confrérie des chasseurs de livres par Raphaël Jerusalmy
Actes Sud (2013) 315 pages ; Babel (2015) 320 pages.

Livre étonnant que La confrérie des chasseurs de livres ? Pas tant que cela si l’on sait que Raphaël Jerusalmy, son auteur, né à Paris en 1954, s’est engagé dans les services de renseignements militaires de l’armée israélienne et surtout, qu’à la retraite, il s’est spécialisé dans les livres anciens.
En effet, La confrérie des chasseurs de livres est un hommage au livre et à sa diffusion souvent très difficile et très dangereuse, ainsi qu’à la Palestine historique que se disputent juifs, chrétiens, musulmans et à notre grand poète maudit : François Villon.
C’est lui que l’auteur fait revivre dans cette histoire une peu folle des idées contre les dogmes. Il rend la parole aux poètes, aux créateurs contre les profiteurs de tout poil, ceux qui détournent les plus belles idées à leur seul profit et exploitent leur prochain.
Quelle imagination ! Faire de François Villon un ambassadeur, un chercheur, un enquêteur, l’amant d’une jeune berbère et toujours un malicieux qui, accompagné de son complice Colin, un coquillard (1) comme lui, va jusqu’en Palestine. Là-bas, ils se retrouvent au cœur de toutes les hostilités possibles qui opposent juifs, mamelouks, prélats mais ils défendent les livres, les idées, la création contre l’Inquisition, la censure, les persécutions de toutes sortes.
C’est une belle fresque parfois un peu compliquée qui démarre dans un cachot parisien, sous le règne de Louis XI puis nous emmène donc au Moyen-Orient en passant par l’Italie où les Médicis et la papauté s’affrontent, faisant beaucoup de victimes collatérales.
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Dans ce livre, j’ai particulièrement aimé faire plus ample connaissance avec François de Montcorbier, dit Villon. S’il est né en 1431, on sait seulement qu’il est mort après 1463 et j’ai tenté de suivre cette histoire un peu folle qui permet de comprendre tous les obstacles auxquels se sont heurtés les auteurs, les imprimeurs et les libraires. Les puissants que ces écrits dérangeaient, puisqu’ils instruisaient le peuple, n’hésitaient pas à censurer, incarcérer, torturer, exécuter sans oublier de brûler les livres, trésors inestimables perdus à tout jamais. Nous savons tous que de tels faits se sont produits et se produisent encore sous certaines dictatures.
Je ne sais pas si cette confrérie de chasseurs de livres a existé mais je pense qu’un peu partout en Europe, des passionnés ont pris d’énormes risques pour diffuser la pensée et j’ai apprécié que Raphaël Jerusalmy (photo ci-dessus) leur ait rendu hommage dans ce roman plein d’anecdotes et de rebondissements.
Jean-Paul
- Coquillard : nom donné, au XVe siècle, aux mauvais garçons, voleurs, escrocs pouvant aller jusqu’à tuer pour parvenir à leurs fins. François Villon et Colin de Cayeux auraient fait partie d’une bande mais rien n’est vérifié.