III. Nos Correspondances de Manosque

Correspondances de Manosque 2019 (III)

Vendredi 27 septembre

Olivier Adam : Une partie de badminton :

Dans trois mois, cela fera vingt ans que cet écrivain qui a participé à la création des Correspondances, publie. Il parle de Paul, prénom récurrent, et répond aux questions de Michel Abescat. Son personnage entre dans la maturité mais après une période de succès ne vend plus un livre. Il est devenu journaliste local en Bretagne où sa fille, ado, se morfond. L’auteur confirme que tous ses livres font écho aux autres, qu’ils ne sont pas autonomes.

Bérengère Cournut (De pierre et d’os) et Hélène Gaudy (Un monde sans rivage) :

Elles jettent un coup de froid, en écriture seulement, sur le festival en emmenant leurs lecteurs dans le grand Nord…

L’une, Bérengère Cournut (photo ci-contre) se consacre aux Inuits en s’attachant aux pas d’une femme immensément courageuse.

L’autre, Hélène Gaudy (photo ci-dessous) revient sur une tragédie : la mort de trois Suédois sur la banquise, en 1897, alors qu’ils étaient partis en ballon à hydrogène.

Sylvain Prudhomme (Par les routes) et Blandine Rinkel (Le Nom secret des choses) :

Tous les deux ont été en résidence à Manosque et semblent bien se porter.

Le premier, Sylvain Prudhomme parle du voyage avec Sacha qui retrouve un ami, l’auto-stoppeur. C’est une histoire d’amour car Marie est là dans cette ville nommée V. mais qui ressemble beaucoup à Arles. 

Ce livre vient de remporter le Prix Landerneau des Lecteurs.

Pour Blandine Rinkel, Océane (18 ans) monte à Paris et rencontre Elia. Leur relation est fusionnelle et trouble.

Kaouther Adimi (Les Petits de décembre) et Brigitte Giraud (Jour de courage) :

Pour son quatrième roman, Kaouther Adimi raconte l’histoire vraie d’enfants qui, à Alger, ont défié les généraux qui voulaient confisquer le terrain où ils jouaient au foot, pour y construire leurs villas. Ces gosses sont plus forts que les adultes du quartier qui ont renoncé et ce roman résonne avec tout ce qui s’est passé et se passe en Algérie.

Brigitte Giraud que nous avions aimée dans Un loup pour l’homme, publie un nouveau roman très fort. Livio (17 ans) présente un exposé sur les autodafés nazis devant toute sa classe et a le courage de faire son coming-out car il a découvert, au cours de ses recherches, le combat mené par Magnus Hirschfeld (1868-1935), médecin juif, le premier à avoir étudié la sexualité de manière scientifique. La vie de Livio va être bouleversée.

Lecture par Julie Depardieu et Michel Fau : Tu aimes trop la littérature et elle te tuera, correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert :

Maîtrise et professionnalisme, Julie Depardieu et Michel Fau sont impressionnants et le théâtre Jean-le-Bleu est archicomble.

L’une est tout en finesse, délicatesse, humour, amour aussi.

L’autre est plus abrupt, plaintif, désespéré, malheureux, souffrant de solitude, très attaché à celle qu’il nomme « Maître ».

Il ne se ménage pas non plus puis cela prend un tour beaucoup plus politique avec la guerre de 1870 qui semble inéluctable.

Nous avons aimé les appels à la paix, la critique des puissants, des va-t-en-guerre. Pour qui ? Pourquoi ? Ces lettres sont passionnantes parce que pleines de franchise et de spontanéité. Elles sont aussi très instructives car elles apprennent beaucoup sur l’époque et le mode de vie de ces deux géants de notre littérature.

Concert littéraire : Philippe Jaenada et Emily Loizeau :

Deuxième volet de cette soirée grandiose, à peine le temps de souffler et nous voilà à nouveau dans la grande salle du théâtre pour un spectacle différent. Philippe Jaenada (La petite femelle, La serpe) lit ses textes adaptés pour la circonstance car Oum, cette femme tant aimée, relie tous ses moments de vie.

Nous avons souri un peu avec la scène dans l’ascenseur  puis c’est de plus en plus désopilant. Non seulement Philippe Jaenada est un grand écrivain mais c’est aussi un superbe conteur. Nous nous sommes régalés aussi lorqu’Emily Loizeau a pris le relais, alternant ses magnifiques chansons avec les tranches de vie de l’auteur.

Quelle belle voix, planante, envoûtante ! Pianiste virtuose, celle qui a tant aimé vivre en Ardèche contribue superbement à l’excellence de cette soirée.

Ghislaine et Jean-Paul