V. Nos Correspondances de Manosque

Correspondances de Manosque 2019 (V)

Dimanche 29 septembre

 

Petit-déjeuner avec Louis-Philippe Dalembert à l’initiative de Télérama :

Cette rencontre informelle, au Centre Jean Giono, avec le lauréat du Prix Orange 2017 est non seulement très agréable mais aussi très instructive. Elle nous permet d’aller plus à fond pour comprendre l’élaboration de son dernier roman : Mur Méditerranée.

 

 

Avec ses trois héroïnes d’origines diverses, il réussit magistralement à nous faire comprendre que les réfugiés qui tentent de venir vivre en Europe avaient une vie avant. L’auteur insiste sur l’ambivalence de l’être humain capable de faire le bien et le mal mais il croit aux « petites bontés » dont chacun est capable. Enfin, Louis-Philippe Dalembert, Haïtien d’expression française, confie : « Je porte en moi cette mémoire de l’esclavage, malgré moi. »

Son livre est essentiel pour comprendre le déplacement : pourquoi on part et comment accueillir ?

 

Photo ci-dessous : Lectrices et lecteurs motivés autour de Louis-Philippe Dalembert.

 

Cécile Coulon (Une bête au Paradis) et Nathacha Appanah (Le Ciel par-dessus le toit) :

 

Dimanche matin, place de l’Hôtel de Ville, le nombre de passionnés ne faiblit pas pour écouter deux jeunes autrices qui confirment leur talent à chaque nouveau roman.

 

 

Cécile Coulon nous emmène dans une ferme, le fameux Paradis, lieu idéalisé, un milieu paysan qu’elle connaît bien. Ici, les rapports de vie, de mort, de hiérarchie sont gommés et tout est en place pour une tragédie implacable.

 

 

 

 

 

Après son remarquable Tropique de la violence, Nathacha Appanah, dans Le Ciel par-dessus le toit, aborde la mémoire émotionnelle et sélective et son écriture magnifique, pleine de sensibilité, fait mouche.

 

 

 

Claudie Hunzinger (Les Grands Cerfs) et Luc Lang (La Tentation) :

 

 

Heureux hasard et belle idée de programmation, voilà deux écrivains confirmés qui parlent tous les deux de cerfs.

 

 

 

 

 

 

Pour Luc Lang, avec ce chirurgien chasseur, c’est un thriller avec montée de la violence d’humains contre d’autres humains, un livre politique et économique.

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour Claudie Hunzinger, ce sont les Vosges et un amour fou de la nature et de ces cerfs qui vivent tout près de chez elle et vivent en clan. « Ils ruminent comme on apprend un poème par cœur », lâche-t-elle car elle a compris le lien très fort qui doit unir hommes et animaux.

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Baptiste Maudet (Matador Yankee) et Alexandre Labruffe (Chroniques d’une station-service) :

 

Tous les deux présentent leur premier roman mais celui de Jean-Baptiste Maudet vient de remporter le Prix Orange 2019 avec son histoire de cow-boy torero dans un western mexicain pour un personnage à la fois sublime et ridicule. Il se réfère au cinéma écrivant des scènes très visuelles, comme une séquence de film.

 

 

 

 

Alexandre Labruffe est aussi habité par le cinéma comme son pompiste qui peut passer de la série B aux œuvres de Jean-Luc Godard. C’est un regard très lucide sur la société plein d’ironie et d’humour.

 

 

 

Valentine Goby : Murène :

 

Elle est à Manosque pour la première fois et Maya Michalon nous fait partager son enthousiasme pour ce roman qui donne vie à François Sandre, amputé de ses deux bras. C’est lui qui se nomme murène, animal peu séduisant et pourtant magnifique. Il a choisi d’épouser son corps avec tout à réinventer jusqu’à devenir un sportif de haut niveau.

 

 

Valentine Goby rend ici un hommage vibrant au handisport en retraçant cette conquête de reconnaissance incroyable qui voit un sportif amputé des deux bras  médaillé d’or aux JO Paralympiques de Rio dans plusieurs épreuves de natation.

 

 

Miriam Toews : Ce qu’elles disent :

Romancière canadienne, Miriam Toews publie son septième roman sur la communauté mennonite qu’elle connaît bien. Elle raconte le combat réel de huit femmes, en Bolivie, contre la folie des hommes. Leur volonté, leur rage suffiront-elles pour leur permettre de s’affranchir ?

 

 

 

Les Grands Entretiens : Françoise Sagan et Romain Gary :

Revoilà Clément Beauvoir (Romain Gary), Olivier Berhault (le journaliste) et Fanny Zeller (Françoise Sagan) ! Après la place de l’Hôtel de Ville puis la salle trop exigüe de l'auditorium du conservatoire, retrouver Les Grands Entretiens dans la grande salle du théâtre Jean-le-Bleu est un plaisir immense salué par un public encore plus nombreux.

 

D’emblée, le journaliste met la salle en condition avec un échange de courrier plein d’humour puis reçoit Françoise Sagan, pétillante, en pleine maturité, qui ne bégaie presque plus. Elle vient de sortir son dernier roman, vingt après Bonjour tristesse.

Avec beaucoup de franchise, elle se livre et cela permet de bien retrouver cette auteure qui a marqué une évolution dans la vie littéraire du pays.

 

Après une courte présentation, voici Romain Gary, carrure impressionnante, cet homme adore parler de lui. Quand le journaliste le lui fait remarquer, il s’insurge, faisant remarquer justement que c’est pour cela qu’il a été invité ! Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable, son dernier roman vient de paraître et l’on sent bien que la solitude affecte l’homme qui a plu et plaît toujours beaucoup aux femmes. Là aussi, celui qui écrivit sous plusieurs noms d’emprunt, réussissant à décrocher deux fois le Prix Goncourt, avec Les Racines du ciel (1956), sous son nom, et La vie devant soi (1975) sous le pseudonyme d’Émile Ajar, se rappelle les bons moments avec nostalgie.

 

Un tonnerre d’applaudissements salue la performance des trois acteurs et concluent magnifiquement cette vingt-et-unième édition des Correspondances de Manosque riches, une nouvelle fois, en découvertes et en rencontres chaleureuses et instructives.

Et à l'année prochaine, pour les vingt-deuxièmes Correspondances de Manosque !

Ghislaine et Jean-Paul

 

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