Daniel Berthet : L'anneau de Saint-Jérôme

L’anneau de Saint-Jérôme      par    Daniel Berthet.

(Digne – Haute Provence. Hiver 1599. Le procès des sorcières).

, Kariel B. édition, (2013) 237 pages.

 

 

Quelle plongée dans la vie du peuple de Haute Provence ! Henri IV règne sur la France mais si l’on est sorti officiellement du Moyen-Âge, le quotidien des gens n’a guère évolué, comme l’esprit des puissants.

 

S’appuyant sur des recherches historiques précises, Daniel Berthet plonge sans ménagement le lecteur dans un quotidien plein de souffrance, de douleur, le malheur se trouvant à chaque coin de rue.

 

L’histoire commence le lundi 23 février 1598, avec le Tiénot d’Ourène qui travaille courageusement avec sa jument. L’auteur est cru, trivial, au plus près d’une réalité difficile à imaginer de nos jours mais nous y sommes bien plongés et le récit est aussitôt haletant, captivant, les descriptions d’un réalisme sans concession. Le peuple souffre, se bat au quotidien et, parfois, la peste vient s’ajouter aux malheurs qui anéantissent déjà les plus faibles.

 

Voici maintenant, Ercilie, la fille du Tiénot, aux prises avec le fils du Seigneur d’Astignac qui règne en maître sur la région. À peine un mois plus tard, c’est la nuit du Noël 1599. La mère d’Ercilie, la Clermonde, fait comme tout le monde et se rend à la cérémonie qui rassemble la population dans la cathédrale Saint-Jérôme. La pauvre femme est transcendée par l’ambiance de fête. Ce serait comique si le drame ne rôdait pas à chaque instant alors que chacun bouscule l’autre pour aller embrasser l’anneau de Saint-Jérôme…

 

Voilà maintenant la mère et la fille accusées d’être des sorcières. Lorsqu’elles sont livrées au bourreau chargé de les faire parler, c’est très gore, l’auteur nous livrant à nouveau une scène mémorable ! Entre alors le grand inquisiteur qui vient spécialement d’Aix-en-Provence et l’humour côtoie le tragique. Ainsi, il est évident que la justice que prétendent rendre les hommes n’a guère évolué : un but est donné et tous les moyens sont bons pour l’atteindre. La Vérité n’intéresse par beaucoup de monde.

 

Daniel Berthet (photo ci-contre) décrit aussi remarquablement l’arrivée de l’hiver à Digne : « Après la neige et la pluie des derniers jours, le mistral lança ses bras tentaculaires à l’assaut de la cité pour le grand nettoyage du début de saison. » Un peu plus loin, il ajoute : « Si le mistral avait voulu s’attaquer aux prisons, il aurait pu lui (Ercilie) ouvrir les portes de la liberté mais, pressé d’installer Sa Majesté (l’hiver),il préférait défoncer les masures, plutôt que les forteresses. »

 

Bien sûr, il ne faut pas  dévoiler comment se termine cette histoire peu ordinaire car il faut laisser au lecteur tout le plaisir d’une lecture captivante jusqu’au bout.

 

Un immense MERCI à Daniel Berthet pour m’avoir permis de me régaler, une fois de plus, avec son troisième ouvrage.

Jean-Paul

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog