Leonardo Padura : La transparence du temps

La transparence du temps     par    Leonardo Padura.

Éditions Métailié. (2019). 429 pages

Traduit de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas

Titre original : La transparencia del tiempo

 

 

La transparence du temps est le deuxième roman que je lis de Léonardo Padura. J’avais beaucoup apprécié L’homme qui aimait les chiens, livre qui traitait de  la mort de Trotski et j’ai été à nouveau conquise.

 

 

 

Mario Conde, ex-flic, actuellement acheteur de vieux livres pour les revendre ensuite afin de subsister, vit à La Havane et voit avec une grande appréhension approcher la soixantaine. De nombreuses questions le taraudent : « Sur le point d’avoir soixante ans, qu’avait-il ? Que lèguerait-il ? Rien de rien et qu’est-ce qui l’attendait ? »

 

 

Il est donc dans un grand désarroi quand un coup de fil interrompt son état de tristesse et de mélancolie. C’est Bobby, de son vrai nom Roberto Roque Rosell, ancien camarade de lycée et d’université qui est au bout du fil et lui demande au nom de leur ancienne amitié de l’aider.

 

 

Conde, en ouvrant la porte à son ancien collègue venu lui expliquer de vive voix, est pour le moins surpris par le nouveau look de cet homme perdu de vue depuis de nombreuses années : «… un être androgyne, les cheveux teints en blond cendré, une boucle dans le lobe de l’oreille gauche, les sourcils redessinés… »

 

 

Bobby lui avoue qu’il est homo. Il lui  explique qu’il est tombé amoureux de Raydel, l’a installé chez lui, a vécu deux ans avec lui. Mais, voilà, pour le commerce d’achat et de vente d’objets précieux, œuvres d’art, bijoux… dont il vit, il a dû s’absenter pour aller à Miami régler une affaire. Lorsqu’il est rentré, son amant avait disparu ainsi que tous ses biens, bijoux, télé, matelas et surtout… une statue de la Vierge noire de Regla qu’il tenait de son arrière-grand-père, statue détentrice de pouvoirs spéciaux.

 

 

 

S’il n’a pas porté plainte et fait confiance à son ancien ami pour retrouver sa vierge, c’est parce qu’il est toujours amoureux, et qu’il compte sur son ami pour la retrouver, moyennant rétribution. Conde, flatté peut-être par la confiance que lui témoigne Bobby et surtout attiré par la somme assez conséquente qu’il lui propose et qui lui permettrait de sortir pour quelque temps de l’indigence, accepte.

 

 

Marco Conde, entouré de sa femme Tamara, de ses amis fidèles et de son inséparable chien Bassara II, va, pour retrouver cette statue, devoir faire connaissance avec des négociants d’art et les rencontrer, certains  ayant pignon sur rue et d’autres pas du tout déclarés.

 

 

Au moyen de cette enquête policière, Leonardo Padura (photo ci-dessus) nous fait vivre une vraie saga historique et nous plonge dans cette vie torride de La Havane où se côtoient des habitants survivant dans une extrême pauvreté, dans des quartiers vraiment insalubres et les fameux « gagnants » de l’ouverture cubaine que sont les marchands d’art.

 

 

Par la qualité et la richesse de son écriture, l’auteur réussit à nous faire humer les plus belles senteurs, partager les meilleures saveurs et ressentir la puanteur de ces rues de bidonvilles.

 

 

Par l’intermédiaire de cette vierge noire qui a traversé l’histoire, il réussit même à nous faire revivre le siège de la ville chrétienne la plus riche et la plus convoitée de la terre qu’était Saint-Jean d’Acre.

 

 

 

J’ai vraiment été subjuguée par la façon dont Leonardo Padura réussit à mener cette enquête de manière aussi brillante avec un suspense maintenu de bout en bout, au cœur de cette Havane si colorée, si odorante, si riche et si pauvre.

 

 

Si la mélancolie est omniprésente, elle est tempérée par beaucoup d’humour et l’amour, l’amitié et l’entraide sont rendus avec une grande justesse. La lecture de ce roman m’a remis en mémoire Quand nous étions révolutionnaires de Roberto Ampuero, un auteur qui abordait également le désenchantement politique.

 

 

 

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Métailié qui m’ont permis de lire ce roman qui m’a à la fois tenue en haleine et fait découvrir la grande histoire cubaine et l’Histoire en général : une grande fresque littéraire. La très belle couverture contribue, à mon avis, à renforcer l’atmosphère de La transparence du temps.

Ghislaine

 

 

La transparence du temps     par    Leonardo Padura.

Éditions Métailié. (2019). 429 pages

Traduit de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas

Titre original : La transparencia del tiempo

 

Se lancer dans la lecture d’un roman de Leonardo Padura, c’est partir à l’aventure, vivre plusieurs vies, remonter dans le passé lointain et aussi, surtout, vibrer au cours d’une enquête policière extrêmement bien menée, ce qui rappelle que l’auteur est connu pour ses romans policiers.

 

 

J’avais déjà lu Leonardo Padura et beaucoup apprécié L’homme qui aimait les chiens et j’ai retrouvé, dans La transparence du temps, tout le talent de cet auteur cubain. Justement, dans ce roman, Cuba tient une place très importante, centrale même. Ici, l’auteur m’a plongé dans la vie quotidienne, dans les quartiers les plus insalubres où s’agglutinent ces migrants venus de l’est de l’île, comme dans ceux habités par la classe moyenne ainsi que dans ceux où se regroupent les nouveaux riches qui font du trafic d’œuvres d’art. Miami est tout proche.

 

 

Par contre, c’est avec la Catalogne, la Garrotxa, que se connecte ce livre grâce à cette histoire de vierge noire médiévale volée et sur le point de disparaître complètement. C’est Bobby, un camarade de lycée, qui possédait cette sculpture en bois noir, héritage d’un lointain parent, membre de Templiers, que l’auteur replace en plein siège de Saint-Jean d’Acre par les Sarrasins, en 1291, avant son retour en France puis en Catalogne.

 

Les amis lycéens de Mario Conde, le héros de l’histoire, tiennent une grande place mais le temps des études secondaires est déjà loin car notre homme va bientôt fêter ses soixante ans et cela le traumatise… Il a l’impression d’entrer dans le quatrième âge ! Cet homme fut policier il y a une dizaine d’années mais il a conservé d’excellents réflexes et le prouve malgré une consommation de tabac et d’alcool – ah, le fameux rhum cubain ! – que je trouve excessive.

 

 

Tension extrême, assassinats, humour, recherches, références historiques très bien documentées, j’ai aimé lire ce long roman qui donne encore plus envie d’aller découvrir cette île où la vie est en train d’évoluer depuis que, le 17 décembre 2014, Raul Castro et Barack Obama ont lancé les négociations pour la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis. J'espère que le triste intermède Trump ne soit plus qu'un mauvais souvenir...

 

Le temps file, insaisissable mais l’écriture est là pour figer ses meilleurs moments mais permet aussi de puiser dans un passé proche ou lointain, permettant d’éclairer La transparence du temps.

Jean-Paul

 

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