Jean-Christophe Rufin : Immortelle randonnée

Immortelle randonnée  Compostelle malgré moi

par    Jean-Christophe Rufin,

     Éditions Guérin, (2013) 258 pages ; Folio (2014) 288 pages..

 

 

Jean-Christophe Rufin n’avait pas prévu de raconter son Chemin. D’ailleurs, en rentrant, il s’est lancé dans l’écriture du livre consacré à Jacques Cœur, Le Grand Cœur. Puis, cédant à l’insistance d’amis chamoniards, il a rédigé cette Immortelle randonnée, un petit régal de lecture ne donnant pas forcément envie de se lancer mais qui offre un récit savoureux.

 

Lui, il n’a pris aucune note tout au long de ces 800 km menant d’Hendaye à Santiago de Compostela et il plaignait même ceux qu’il voyait, le soir, noircir les pages d’un carnet… Ce sont ses souvenirs que nous découvrons dans ce livre toujours aussi bien écrit, comme Jean-Christophe Rufin sait le faire, avec un humour omniprésent.

 

Tout commence avec l’acquisition du crédencial et la découverte de cette radinerie qui fait le jacquet : « … que le pèlerin aille ou pas vers Dieu (c’est son affaire), il doit toujours le faire en tirant le diable par la queue. »

 

Au départ d’Hendaye, c’est évident : « Le Chemin est une alchimie du temps sur l’âme. » Un peu plus loin, il précise : « Le Chemin… Il est une force. Il s’impose, il vous saisit, vous violente et vous façonne… Il ne vous donne pas la parole mais vous fait taire. »

 

Hésitant entre el Camino francés, par Burgos et León,  et celui du Nord, par San Sébastián, Bilbao, Santander, Gijón et Oviedo, il choisit ce dernier car il sait qu’il rencontrera peu de monde. Cela ne l’empêche pas de constater assez rapidement que le Chemin est un lieu de drague car certains le font pour chercher l’amour et parfois, le trouvent…

 

Dès la traversée de sa première ville, il remarque que le pèlerin ne compte pas. On ne le voit pas. Lui, l’académicien, l’ambassadeur, devient vite un sauvage, obligé d’obéir à certaines lois naturelles, pour se soulager, par exemple. Il campe aussi le plus souvent, toujours très  solitaire : « Barbe en broussaille, pantalon taché, chemise imprégnée de sueurs recuites, j’étais bien calé dans ma crasse, éprouvant la jouissance d’être protégé par elle comme par une armure. »

 

Son principal problème vient vite de ses pieds. Dès qu’il arrive à l’étape, le pèlerin se déchausse et évolue en tongs, en sandales ou en crocs mais ses chaussures sont de mauvaise qualité. À Guernica, il doit acheter de bonnes chaussures : « Les pingres paient toujours deux fois ! »

 

 

Après avoir voulu arrêter au bout de huit jours, il poursuit en Cantabrie où le Chemin est « monotone, déprimant, mal tracé : trop de passages le long des routes, trop de paysages industriels, trop de lotissements déserts, constellés de panneaux À vendre ». Ses réflexions l’amènent à parler du christianisme avant d’être rejoint par Azeb, son épouse qui termine avec lui.

 

L’arrivée n’est pas très emballante car l’entrée de Santiago de Compostela est un cauchemar pour le marcheur. Enfin, il doit faire la queue pour obtenir la fameuse Compostela délivrée à tout marcheur ayant accompli au moins 100 km ou à tout cycliste ayant roulé 200 km. Jean-Christophe Rufin (photo ci-dessus) méritait huit fois le diplôme… avant de replonger dans une vie quotidienne à nouveau trépidante.

 

Merci à Marisette de m’avoir permis de faire ce Chemin dans les pas de Jean-Christophe Rufin.

Jean-Paul

Du même auteur, voir aussi : Le collier rouge.

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