Olivier Adam : Les Lisières
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Les Lisières par Olivier Adam.
Flammarion (2012) 454 pages ; J'ai Lu (2013) 512 pages..
Prix des libraires de Nancy et des journalistes du Point 2012.
Vivre aux lisières de la société, de soi-même et de sa famille, ce n’est pas facile. C’est ce que démontre Olivier Adam (photo ci-dessous) tout au long de ce livre branché aussi sur l’actualité immédiate, l’évolution politique du moment et ce tsunami, au Japon, pays qui le fait rêver et l’attire.

Ce Paul Steiner, ressemblant beaucoup à l’auteur lui-même, nous fait partager sa vie de père de famille vivant seul, maintenant que Sarah a décidé de se séparer de lui. Il ne voit plus ses enfants qu’un week-end sur deux et il souffre : « J’avais le sentiment d’avoir été expulsé de moi-même. » Lui qui avait fui Paris pour vivre en Bretagne où il espérait que le vent et la mer nettoient tous ses tourments, tente un retour vers son enfance alors qu’écrivain en panne d’inspiration, il n’arrive plus à écrire.
Il revoit la disparition de sa grand-mère alors qu’il n’avait que dix ans, les séjours familiaux dans les Alpes, sur les routes du Tour de France où, dans les plus grands cols, il a vu évoluer de grands champions comme Jacques Anquetil, Eddy Merckx et Bernard Hinault. Un jour, il a été surpris par son frère, au bord du précipice alors qu’il éprouvait l’envie de mourir.
Le voilà maintenant en banlieue parisienne, cette banlieue qu’il va nous faire visiter tout en croisant d’anciennes connaissances. Hélas, sa mère est hospitalisée et semble perdue, le confondant avec son frère. Sa célébrité médiatique, certains l’ont vu à la télévision dans « une émission sur les bouquins, sur la Cinq », le dessert parfois. Ce roman foisonne de rencontres souvent décevantes parce qu’il se sent maintenant étranger parmi ceux qui l’ont vu grandir. Rien ne semble le satisfaire. Les relations avec son père, bourru, hargneux, tenté de « voter pour la Blonde », ne s’améliorent pas, au contraire. Pourtant, Paul fait des efforts mais c’est à contretemps et rien ne se passe comme il aurait pu l’espérer. « Une maladie » le ronge. Il ne cesse de la repousser. Son amour pour Sarah, la naissance de leurs enfants et la vie en Bretagne l’y ont aidé mais Sarah a tout cassé.
Voilà qu’il retrouve Sophie, un amour de jeunesse, dans sa maison bien rangée, dans sa vie monotone… Au lieu de le satisfaire, cet amour enfin consommé lui fait dire : « Je me suis méprisé pour ça, d’être devenu ce sale con méprisant, arrogant, capable de la (Sophie) plaindre sans rien savoir de sa vie, ne se fiant qu’aux apparences, au vernis, à la surface. »
Au hasard de photos retrouvées, remonte à la surface un secret de famille qu’il ignorait et le voilà tourmenté jusqu’au bout. L’inspiration qu’il a puisée dans ses souvenirs, pour ses livres, l’a fait parler d’anciens camarades de lycée et de sa famille. Cela le gêne beaucoup maintenant d’autant qu’on lui en fait le reproche parfois.
Toujours aux lisières de la vie, éternel insatisfait, fou de jalousie à l’égard d’un potentiel rival, ce qui va donner quelques passages animés et assez savoureux, notre homme ne se sent bien que sur une île évoquée tout au long du livre. Là-bas, il espère avoir trouvé enfin calme et sérénité.
Jean-Paul