Orhan Pamuk : La Femme aux cheveux roux

La Femme aux Cheveux roux      par     Orhan Pamuk.

nrf, Gallimard/ Du monde entier (2019), 297 pages.

Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy.

Titre original : Kırmızı Saçlı Kadın.

 

Prix Nobel de littérature 2006.

 

Avec La Femme aux Cheveux roux, Orhan Pamuk m’a emporté dans une histoire à la fois moderne et très ancienne - moderne parce que l’auteur livre un tableau complet et instructif sur la Turquie d’aujourd’hui - histoire très ancienne parce qu’il reprend les légendes d’Œdipe puis de Rostam et Sohrâb. Si la première est connue en Europe occidentale, la seconde, je l’ai apprise en lisant ce roman. Dans les deux cas, soit un père tue son fils, soit un fils supprime son père après de malheureux concours de circonstances.

 

 

Avant d’en arriver là, l’auteur m’a ramené en 1985, une époque où Istanbul ne comptait que cinq millions d’habitants alors que cette mégapole s’étalant sur deux continents dépasse aujourd’hui les quinze millions d’âmes.

 

 

Au début du livre, le jeune Cem qui a besoin d’argent pour financer ses études, son père ayant disparu, se fait embaucher par un puisatier, Maître Mahmut. Ils doivent trouver de l’eau près d’Öngören, sur un plateau, à quelques encablures d’Istanbul côté Europe. C’est dans cette bourgade que Cem rencontre par hasard la Femme aux Cheveux roux et en tombe instantanément amoureux. Elle fait partie d’une troupe de théâtre qui joue tous les soirs sous un chapiteau, dans le village. La journée, il faut travailler dur pour évacuer le remblai du puits en cours de creusement mais l’eau tant désirée ne vient pas.

 

 

Impossible d’en dire plus sans divulgâcher l’histoire intrigante, passionnante, malgré quelques longueurs dues aux recherches, aux voyages, aux visites effectuées par Cem et son épouse quelques années plus tard. L’ex-apprenti puisatier a réussi sa vie amoureuse et professionnelle. Cela permet à l’auteur de bien faire comprendre le boum de l’immobilier dans une capitale qui s’étend à l’extrême. Au passage, il souligne aussi le sort des opposants politiques…

 

 

Que l’on se rassure, La Femme aux Cheveux roux n’est pas oubliée et son rôle est même essentiel jusqu’au bout ! Malgré les quelques longueurs évoquées plus haut, j’ai aimé lire ce roman qui mêle à la fois théâtre, poésie, traditions, développement urbain et passion amoureuse débouchant sur la relation père-fils profondément décortiquée au cours d’une histoire peu banale, sans oublier une plongée dans la plus grande prison d’Europe, l’importance de la littérature étant toujours mise en avant.

 

 

J’ajoute une mention spéciale à Valérie Gay-Aksoy, la traductrice, qui a si bien su mettre en valeur la fluidité de l’écriture d’Orhan Pamuk, sa délicatesse et sa poésie.

Jean-Paul

 

 

 

 

 

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