Luis Sepúlveda : Le vieux qui lisait des romans d'amour

Le vieux qui lisait des romans d’amour     par   Luis Sepúlveda.

Traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero.

Métailié (1992), Points (1997), À vue d’œil (2002) 233 pages.

Prix Relay des voyageurs lecteurs 1992.

 

 

Rencontrer Luis Sepúlveda, comme nous avons pu le faire lors d'une Fête du livre, à Bron (Rhône), est à la fois une chance énorme et en même temps une motivation pour lire ce grand écrivain chilien. Il a grandi et milité pour que triomphe la démocratie avec Salvador Allende mais il a ensuite connu toutes les souffrances, les malheurs et l’exil lorsque la dictature s’est imposée avec force et violence. Tous ses livres témoignent peu ou prou de ce qu’il a vécu car il excelle à nous faire vivre au cœur de cette Amérique latine si diverse et si riche de contradictions.

 

 

Le vieux qui lisait des romans d’amour est son premier roman. S’il y décrit bien la vie des indiens Shuars, c’est qu’il a vécu une année entière avec eux. L’action se passe à El Idilio, village créé de toutes pièces en Amazonie équatorienne. Nous faisons d’abord connaissance avec un dentiste qui ne connaît que l’anesthésie verbale… et vient sévir deux fois par an sur place. Il arrache les chicots des autochtones pour leur vendre des dentiers.

 

 

Le maire du lieu, surnommé la Limace, ne brille pas par sa clairvoyance et son sens de la diplomatie. Lorsqu’apparaît le premier cadavre d’un homme de 40 ans, blond et fort, chassant hors saison, il ne sait qu’accuser les Shuars.

 

 

Un homme a le courage de s’interposer, José Antonio Bolivar Proaño. Lors de chaque passage, le dentiste lui donne deux romans d’amour confiés par Josefina, une prostituée de Guyaquil. « Antonio savait lire mais pas écrire… Il lisait lentement, avec une loupe, bien le plus précieux… Juste après le dentier. »

 

 

Avec sa femme, ils avaient fui en Amazonie, à El Idillo où les conditions de vie sont horribles. Grâce aux Shuars, Antonio avait appris à chasser, à pêcher, à construire des cabanes, à distinguer les bons fruits, bref à vivre avec la forêt. Il les décrit ainsi : « sympathiques comme une bande de ouistitis, bavards comme des perroquets saouls et hurleurs comme des diables. »

 

 

Hélas, le déboisement fait fuir les Shuars. L’alcool et les chercheurs d’or causent des ravages. Antonio essaie de mettre des limites à l’action des colons puis il découvre qu’il sait lire : « Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. » Ainsi, il lit les noms de villes comme Paris, Londres, Genève mais préfère les romans d’amour.

 

 

 

La suite nous emmène au cœur de la forêt pour tenter de mettre hors d’état de nuire une ocelote, « grand chat moucheté, pas la force des jaguars mais une intelligence raffinée », qui tue pour venger la mort de son compagnon abattu par un gringo. La lutte est intense, pleine de rebondissements et de suspense.

 

Jean-Paul

 

 

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