Olivier Adam : Chanson de la ville silencieuse
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Chanson de la ville silencieuse par Olivier Adam.
Flammarion (2018), 216 pages ; J'ai Lu (2019) 256 pages.
Parce qu’il croyait avoir croisé « le fantôme » de Nino Ferrer, à Lisbonne, sept ans auparavant, alors que cet excellent artiste s’est suicidé en 1998, à l’âge de 63 ans, Olivier Adam a eu l’idée d’écrire Chanson de la ville silencieuse, un titre emprunté à Dominique A.

Avec de telles références, cela ne peut que promettre de belles choses et je n’ai pas été déçu avec, surprise, une partie de l’histoire se passant près d’Aubenas, en Ardèche. Je note, au passage sa description : « Entrouvre les yeux au passage du Rhône, obèse, étincelant, boueux. Au loin, la vallée trop large, disproportionnée, laide à force, se cogne à des massifs, comme sortis de terre sous une poussée aussi brusque qu’inattendue. »
L’auteur laisse parler la fille d’un chanteur, une femme à la dérive dont le père a disparu mais que Théo, un collègue et ami, croit avoir photographié à Lisbonne où il se trouvait avec Sofiane : « Mes fidèles et gracieux gardes du corps. Sofiane aussi brun et doux que Théo peut être blond et aigu. » Ce musicien de rue est-il Antoine Schaeffer, son père ?
Cette quête jalonnée de souvenirs, de retours en arrière permettant de mieux connaître le chanteur et sa famille, donne une atmosphère mystérieuse, un récit tendu et oppressant. C’est l’occasion de nombreux retours en arrière pour tenter de comprendre ce que fut la vie de cette enfant qui grandit d’abord chez sa mère : « Elle est un peu mannequin, un peu comédienne, un peu chanteuse. Mais rien de tout cela vraiment. » En fait, ce sont les amis qui l’élèvent…
Entre souvenirs précis et inventés, elle reconnaît : « C’était ma vie. Et j’ignorais qu’il y en avait d’autres. » C’est à 8 ans, que son père, star ténébreuse et sexy, l’emmène dans cette grande maison où Paul et Irène, un couple vivant à côté et faisant office de gardiens, s’occupent vraiment d’elle.

Entre admiration et incompréhension pour son père, entre légende et réalité, de nombreuses aventures jalonnent sa vie. Surtout, il y a cette question lancinante : « Pourquoi ne pas m’avoir mise dans la confidence. M’avoir imposé le mensonge de sa mort. »
Quête intense dans les rues de Lisbonne puis dans les ruelles de Cascais, sur le front de mer d’Estoril, Olivier Adam (photo ci-contre) mène bien son lecteur jusqu’au bout.
Au cœur de vies qui font rêver mais qui sont en fait très perturbées, ce roman aux notes douces-amères pourrait se résumer par ces mots : « Je suis cette fille qui n’a pas besoin d’exister pour vivre… Je suis la fille qui guette dans les rues la silhouette de Patrick Modiano qui jamais ne passe par la rue Saint-Benoît sans penser à Duras… La fille sous les lilas des Indes en Ardèche. »
Jean-Paul
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