Philippe Claudel : La petite fille de Monsieur Linh
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La petite fille de Monsieur Linh par Philippe Claudel.
Stock (2005) 162 pages ; Le Livre de Poche (2007) 119 pages.

Ce délicieux roman assez court nous fait partager la vie de M. Linh, vieil homme qui a dû quitter son pays et faire un voyage de six semaines pour enfin arriver dans un lieu, jamais précisé, où il fait froid. Il porte dans ses bras sa petite-fille dont le père, son fils, a été tué à la guerre, comme sa mère. La petite s’appelle Sang dia (Matin doux).
En quelques pages, Philippe Claudel (photo ci-dessous) permet de comprendre tout le drame du déracinement, ce que vivent en ce moment des milliers de gens. Heureusement, M. Linh trouve quelqu’un à qui parler dans la ville où il a été recueilli : M. Bark.
Ce livre est tendre, émouvant, très réaliste aussi quand les deux hommes parlent de la guerre car M. Bark a combattu dans le pays de M. Linh et cela fait penser au Vietnam : « La voix de son ami est profonde, enrouée. Elle paraît se frotter à des pierres et à des rochers énormes, comme les torrents qui dévalent la montagne, avant d’arriver dans la vallée, de se faire entendre, de rire, de gémir parfois, de parler fort. C’est une musique qui épouse tout de la vie, ses caresses comme ses âpretés. »

Hélas, d’autres décident pour M. Linh qui se demande : « Pourquoi la fin de sa vie n’est-elle que disparition, mort, enfouissement ? » Après tant de drames et de souffrances toujours d’actualité, l’auteur constate : « Qu’est-ce donc que la vie humaine sinon un collier de blessures que l’on passe autour de son cou ? »
Enfin, pourquoi ne pas le dire ? Le coup de théâtre final arrache des larmes au lecteur qui s’était attaché aux pas de cet homme, M. Linh, et de sa petite-fille.
À suivre...
Jean-Paul