Antoine Albertini : Banditi

Banditi        par    Antoine Albertini.

JC Lattès (2020), 381 pages.

 

Le polar débute en mai 2019, avec la mort du dernier Parrain Corse Cesar Orsini, 74 ans, qualifié de Bonaparte du crime par un journaliste et qui avait étendu son empire aux dimensions du planisphère.

Notre narrateur, ex-flic, devenu détective privé, alcoolique, inconsolable depuis le départ de sa femme 5 ans plus tôt sans explication, vivotant sur de piètres enquêtes tout en ayant du flair et en étant très perspicace, est appelé à l'aide par son ami Fabien, ex militant-nationaliste, l'oncle de celui-ci Baptiste Maestracci, vivant dans un village de montagne en Corse, octogénaire, un peu simplet ayant disparu dans la nature.

 

Notre enquêteur va faire une découverte pour le moins surprenante. Dans le palazzu, proche de la maison de Baptiste où les chiens policiers ont perdu sa trace, il va tomber sur un cadavre momifié qui pourrait bien être là, d'après le toubib depuis une bonne quinzaine d'années. Il s'agit d'un italien, crâne fracassé, mains liées dans le dos.

 

Nous voilà donc partis avec lui dans sa vieille Saxo brinquebalante à sillonner la Corse, pour tenter de remonter le temps et trouver les assassins. L'enquête nous conduira même en Italie.

 

Ce ne sera pas une visite touristique à proprement parler puisque l'auteur va plutôt nous faire découvrir l'envers du décor de ces trente dernières années avec le nationalisme corse et ses militants qui ont défrayé les chroniques, réclamant l’indépendance de l'île, les manipulations politiques des gouvernements qui pouvaient aussi bien les poursuivre que les aider, les jalousies, les trahisons, les compromissions, la corruption, et aussi les liens avec les Brigades Rouges d'Italie qu'Antoine Albertini fait même revivre avec un gang de justicières très remonté et très performant.

 

Comme vous l'aurez compris, on est loin des images de cartes postales, bien que l'on soit, du moins pour ceux qui aiment la nature et l'isolement, conquis et happés par ces magnifiques paysages sauvages à l'écart des métropoles ainsi que par ces bâtisses en pierres ayant défié le temps. Gros contraste bien mis en évidence avec les villes où la puanteur règne due à une situation qu'on peut qualifier de pourrie, les décharges étant saturées. La puanteur est en quelque sorte le fil rouge de ce livre.

 

 

J'ai beaucoup apprécié ce personnage détective, ce anti-héros, à la fois désabusé, déprimé, écorché,  qui n'a plus grand chose à perdre, mais qui est néanmoins lucide et réaliste, coriace, parfois cynique et qui résiste et ne manque pas de sensibilité. L'humour et l'autodérision le qualifient aussi très bien.

 

 

Action et états d'âme alliés à un suspense maintenu jusqu'au bout permettent de savourer pleinement ce roman noir, parfois glaçant, tout en approfondissant la connaissance de ces combats menés par les corses pour leur identité.

 

C'est, néanmoins un tableau un peu désenchanté de la Corse que nous peint Antoine Albertini (photo ci-dessus), avec toutefois une petite lueur d'espoir apportée par Fred, en fin d'ouvrage, Fred, copain du narrateur et personnage très touchant.

 

À noter que quelques mots ou phrases en corse aussitôt traduits crédibilisent encore davantage le récit.

 

Je remercie Lecteurs.com qui, dans le cadre des Explorateurs du Polar m'a permis de découvrir Banditi d’Antoine Albertini, aux éditions JC Lattès.

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

 

 

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J
Bonjour Jean-Paul. Ce livre a l'air très intéressant, je le mets de côté chez moi dans ta catégorie. Bon mardi mon ami.
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