Miguel Bonnefoy : Sucre noir

Sucre noir          par       Miguel Bonnefoy.

 Rivages (2017) 206 pages ; Rivages Poche (2019) 192 pages.

 

 

À Manosque, Miguel Bonnefoy (photo ci-dessous) m’avait vraiment donné envie de lire son dernier roman : Sucre noir, dont il avait fait vivre, en public, les premières pages. Jeune auteur né en France puis ayant vécu au Venezuela et au Portugal, il a même publié en italien et sait bien captiver son lecteur.

 

 

« Le jour se leva sur un navire naufragé, planté sur la cime des arbres, au milieu d’une forêt. » Tout commence là, trois siècles avant l’essentiel du livre sous-tendu, jusqu’au bout, par ce trésor gardé jalousement par le capitaine Henry Morgan, sur ce navire qu’il ramenait en Europe et qu’une tempête peu ordinaire avait jeté sur la canopée.

 

 

« Personne, hormis le second, ne soupçonnait que dans les flancs du navire où empestaient la misère, la faim, la viande pourrie, le biscuit immangeable, un trésor dormait en silence, sur les planches terreuses, comme un ange au fond d’une bauge. » Pour les marins et leur bateau, c’est une fin en apocalypse mais ce fameux trésor ?

 

 

La vie se déroule ensuite dans ce village où la légende perdure. On cultive le café, les bananes et la canne à sucre. L’essentiel de l’action se passe dans la famille Otero où Serena, la fille, est solitaire et s’ennuie. Elle passe même des petites annonces, sous pseudo, sur la radio locale car la TSF commence à se développer.

 

 

Quatre personnages débarquent successivement dans une exploitation qui devrait être sans histoire. Seule, une vieille femme vient, chaque 1er novembre, se recueillir dans une pièce qui lui réservée, à la mémoire de son mari, l’ancien propriétaire.

 

 

L’attrait d’un trésor caché déclenche bien des folies et Severo Bracamonte, une « vingtaine d’années, d’une peau délicate et d’un corps fragile », arrive, étudie, explore méthodiquement le secteur pendant que Serena herborise. Lorsqu’il veut déraciner un arbre, elle s’insurge. Pour elle, le plus vieil arbre de la forêt, c’est « le seul véritable trésor. » Lorsque naît leur amitié, elle a une phrase merveilleuse : « Imbécile. Tu seras un homme quand tu sortiras un trésor du fond de mes yeux. »

 

Le temps passe, arrivent un Andalou puis le photographe Mateo San Mateo et surtout Eva Fuego dont l’influence est décisive. Notons juste ce beau portrait : « Elle avait un charme de bête sauvage, imprévisible, ardente, que ne freinait pas la pudeur, et les jeunes gens du village se bousculaient sous ses fenêtres dans l’espoir de l’apercevoir derrière ses jalousies. »

 

 

Je n’en dirai pas plus pour que chacun se laisse emporter par ce Sucre noir, une histoire mâtinée de sucre de canne et de rhum, au cœur des Caraïbes, au moment où la découverte d’un gisement de pétrole à l’ouest du Venezuela rebat les cartes.

Jean-Paul

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
J
Passionnante histoire on dirait bien. Ca bouge ! J'adore même Allez Hop ! Chez Jeni.
Répondre
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog