Antoine Chopin : Le héron de Guernica

Le héron de Guernica        par     Antoine Choplin.

Éditions du Rouergue, 2011, 158 pages ; Points (2015) 168 pages.

 

Paris. 1937. Exposition internationale des arts et techniques. Pablo Picasso va présenter son fameux tableau « Guernica », dans le pavillon espagnol. Il a peint cette toile monumentale que l’on peut voir aujourd’hui au musée Reina Sofia de Madrid, en hommage aux habitants de cette ville du Pays basque bombardée par l’aviation allemande au service des franquistes, pendant la guerre civile.

Basilio, jeune peintre, ouvrier agricole à Guernica, veut rencontrer Picasso et fait le voyage à Paris. Il se pose une question : «  Picasso était-il à Guernica ? »

 

Basilio avait bien tenté de s’enrôler dans l’armée républicaine mais on ne l’avait pas accepté parce que son unique passion, Celestina mise à part, est de passer des heures dans les marais, en bordure de la ville, à observer et à peindre les hérons cendrés.

 

Antoine Choplin (photo ci-contre) décrit superbement les lieux, l’affût du peintre attendant le héron qu’il faut apprivoiser. « Comme chaque fois, il s’émerveille de la dignité de sa posture… C’est d’abord ça qu’il voudrait rendre par la peinture. Cette sorte de dignité qui tient aussi du vulnérable, du frêle, de la possibilité du chancelant. »

 

 

Il y a le bal, le marché, la vie toute simple d’une petite ville mais… « Lentement, le bruit s’intensifie et change de texture. Gagne dans les graves… » Un Heinkel allemand passe, revient et largue ses bombes sur Guernica. Trois bombardiers pilonnent la ville, semant terreur et désolation. Basilio, au lieu de rester caché dans les marais, court porter secours au vieux Julian qui l’emploie, à son oncle Augusto et surtout à Celestina. « Avant même qu’il y ait porté le regard, il devine les blessures de la ville. Les béances de ses plaies, de ses amputations. »

 

Antoine Choplin signe là un livre étonnant, émouvant, tout en simplicité, en beauté, en poésie, en retenue. Sa sensibilité lui permet de décrire le drame avec des mots toujours justes, même si son écriture n’est pas toujours conventionnelle.

 

Le héron de Guernica est un petit bijou de littérature. À ne pas laisser passer !

Jean-Paul

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