Désirée et Alain Frappier : Là où se termine la terre

Là où se termine la terre   (Chili 1948 – 1970).

 BD     par    Désirée et Alain Frappier.

Steinkis (2017) 261 pages.

 

Plonger dans une nouvelle BD de Désirée et Alain Frapier est à chaque fois un immense plaisir et un régal car ces deux auteurs se complètent admirablement. Les textes écrits par  Désirée sont toujours plein d’enseignements, d’information mais aussi d’émotion pendant qu’Alain livre des dessins très soignés, en noir et blanc, aux lignes claires avec des nuances de gris toujours bien choisies.

 

 

Après avoir lu Le Choix qui abordait le problème de l’avortement, voilà qu’une rencontre avec Pedro Atias chez des amis communs est à la source de ce voyage au Chili (1948 – 1970), là où se termine la terre, au travers de la vie d’un homme et de sa famille sans négliger ce qui se passe au même moment dans le monde et qui a, la plupart du temps, des conséquences directes en Amérique du sud.

 

 

Guillermo Atias, le père de Pedro, est écrivain et succèdera à Pablo Neruda à la tête de l’Union des écrivains. Son grand-père venant de l’empire ottoman, il est surnommé « turco ». Pour ses études, Pedro est inscrit à l’école de l’Alliance française car, en Amérique latine, tout le monde aimait la France. Quand il est renvoyé de l’école, il découvre la lecture et suit les infos dans les journaux de son père.

 

 

Il faut attendre 1958 pour que « la loi maudite » interdisant le Parti Communiste soit levée pendant que les USA forment 60 000 militaires pour lutter contre le communisme et les révolutionnaires. La Coupe du monde de foot, en 1960, fait diversion : « comme tous les Chiliens, j’ai rêvé d’être footballeur. » Son père est contre le foot  mais se procure les billets pour assister aux cinq premières rencontres !

 

 

Régulièrement, des exemples concrets rappellent le rôle joué par les États-Unis afin d’empêcher le peuple de prendre le pouvoir. Pour la présidence de la République, Salvador Allende est battu pour la troisième fois par Eduardo Frei qui promet une « Révolution dans la liberté »

 

 

Ainsi, la vie de Pedro se poursuit avec études, événements familiaux, voyage jusqu’à Punta Arenas (au bout du Chili) et surtout engagement politique. Le théâtre lui permet de s’exprimer et il découvre la nouvelle chanson chilienne avec Violeta Parra, Victor Jara, Rolando Alarcón, Quilapayun, Isabel Parra… jusqu’à la victoire de l’Unité populaire en 1970 et l’élection du président Compañero. Hélas, trois ans plus tard…

 

 

Tout cela est conté et dessiné avec précision, impressionnant fortement le lecteur comme cette double page marquant la victoire d’Allende avec la foule, ces milliers de têtes à la fois joyeuses et graves, toute une jeunesse consciente de l’ampleur de la tâche à venir.

 

 

Un album de famille complète le livre, photos confiées par Pedro à Désirée et Alain Frappier (photo ci-dessus) qui ont su admirablement conter l’essentiel d’une vie marquée par tant d’événements touchant à l’histoire de notre monde.

 

 

Tout en remerciant Vincent pour ce livre passionnant, j’attends impatiemment de découvrir le tome 2, Le temps des humbles (Chili 1970 - 1973) paru cette année !

Jean-Paul

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