Antoine Choplin : À contre-courant
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À contre-courant par Antoine Choplin.
Paulsen (2018), 210 pages.

Avec son avant-dernier livre, À contre-courant, Antoine Choplin nous fait remonter sa rivière : l’Isère, depuis sa confluence avec le Rhône jusqu’à sa source se situant à près de 3 000 m d’altitude, dans le secteur oriental du massif de la Vanoise, contre la frontière italienne.
Il entreprend ce parcours à pied, sac au dos, suivant cette rivière au plus près de son cours, seul, la plupart du temps, sauf entre Albertville et Moutiers où son ami Pierre-Jean fera un bout de chemin avec lui.
Cette marche, véritable épopée avec plus de 30 km par jour, ne doit pas être considérée et se limiter à un exploit sportif ou à une performance, même s’il faut une très bonne condition physique. L’auteur le reconnaît : « Je reviens d’une semaine de montagne dans les Pyrénées et ma forme physique est excellente. »
Il va confronter les coins familiers qu’il fréquente aujourd’hui avec les lieux arpentés, hier, enfant, aux côtés de son père. Il parcourt le chemin en quatre étapes, quatre chapitres. À chaque saison son chapitre, son paysage, son ressenti et ses rencontres.
À contre-courant est un récit intime sur la marche et l’écriture, la marche qui entretient une relation puissante avec l’écriture. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Sylvain Tesson (Sur les chemins noirs) que j’avais vraiment apprécié.

Antoine Choplin (photo ci-contre) est sensible à la poésie des choses et des hommes mais observe également le saccage de l’industrialisation et n’oublie pas la violence de l’Histoire. Il ne manque pas non plus d’humour. Après nous avoir conté sa rencontre, près du hameau des Nantieux, avec Vincenzo qui l’accompagne un bout de chemin tout en lui racontant une partie de sa vie, il écrit :
« Il est temps de confesser ma forfaiture de raconteur d’histoires. Vincenzo n’existe, sauf hasard improbable, que dans la fantaisie de mes pages… » Et, quelques lignes plus loin, prenant le lecteur à témoin : « On ne m’en voudra pas trop, n’est-ce pas. »
C’est un roman superbement écrit, très sensible, qui m’a emmenée sur cette route proche de la nature, de l’Histoire et de la littérature. Le fait que cette route démarre près de chez moi et serpente sur un territoire que je connais un peu m’a encore plus touchée. Seul petit bémol : je trouve qu’une petite carte insérée dans le livre permettrait de suivre Antoine Choplin au plus près.
Je remercie vivement Masse Critique de Babelio de m’avoir permis de lire ce magnifique roman d’Antoine Choplin, un de mes auteurs préférés dont j’avais déjà lu Le héron de Guernica, La nuit tombée, L’impasse, L’incendie, Une forêt d’arbres creux et Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar.
Ghislaine