Jean-Michel Guenassia : La valse des arbres et du ciel

La valse des arbres et du ciel      par    Jean-Michel Guenassia.

Albin Michel (2016) ; À vue d’œil (2017) 365 pages ; Le Livre de Poche (2018) 288 pages.

 

 

 

 

Après avoir lu et apprécié Le Club des incorrigibles optimistes et Trompe-la-mort, j’étais heureux de me plonger à nouveau dans une œuvre de Jean-Michel Guenassia (photo ci-contre) et je n’ai pas été déçu.

 

 

 

En écrivant La valse des arbres et du ciel, cet auteur change complètement de registre, s’attachant à Marguerite Gachet, la fille du fameux docteur d’Auvers-sur-Oise, pour livrer une très intéressante fiction basée sur les plus récentes découvertes à propos de la vie de Vincent Van Gogh.

 

 

 

 

Ainsi, je plonge dans un journal censé avoir été écrit en 1949, à propos de ce qui s’est passé en 1890. Tout de suite Marguerite affirme qu’elle a aimé Vincent, qu’elle a été la seule, « la seule sur cette terre qu’il ait jamais aimée » et qu’elle veut rétablir la vérité.

 

 

Au fil des pages, s’écrit une tout autre version que celle à laquelle on nous a habitués, mettant à mal le bon docteur et son mécénat désintéressé. Ayant son cabinet à Paris, il est absent une bonne partie de la semaine. C’est donc Louise, la gouvernante qui élève Marguerite et son jeune frère, Paul.

 

 

 

Pour son père, elle est catégorique : « Il ne m’aime pas, je le sais. Et moi, je le déteste. » Si elle a pu décrocher le baccalauréat, très rare pour une jeune fille, à l’époque, c’est quand même grâce à ce père qui a pu, ainsi, passer pour progressiste…

 

 

 

Marguerite veut peindre mais là aussi, impossible de faire les Beaux-Arts car c’est interdit aux femmes. Malgré tout, elle dessine, imite Paul Cézanne. La première partie du livre permet de bien faire connaissance avec cette époque où les plus grands noms signent un manifeste pour faire détruire cette Tour Eiffel qui défigure Paris.

 

 

L’antisémitisme forcené de l’époque, si bien décrit par Roger Martin dans Il est des morts qu’il faut qu’on tue, paraît ici aussi avec un extrait du journal La Croix. Pissarro se lamente auprès du docteur car Renoir ne veut plus exposer avec lui puisqu’il est israélite. Il lui demande enfin d’héberger le frère de son marchand de tableaux qui quitte l’hôpital de Saint-Rémy de Provence. Ce même Pissarro conseille Marguerite : « Ne peins pas ce que tu vois, mais ce que tu ressens. Et si tu ne ressens rien, ne peins pas. »

 

 

Ainsi va la société cette fin du XIXe siècle : « Nous étions au bord du précipice, et nous avancions les yeux  fermés, avec gaieté et insouciance. » Le journal La Lanterne dont plusieurs extraits donnent le ton, annonce que le Vatican est menacé de banqueroute pendant que l’on veut marier Marguerite au fils d’un riche pharmacien.

 

 

J’ai été captivé sans délai par l’arrivée de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise où il loge dans une auberge. Prétextant le soigner, le docteur Gachet se fait payer en tableaux, comme il le fait avec les autres impressionnistes qui ne rencontrent que mépris, moqueries ou indifférence.

 

 

 

Marguerite m'a emmené sur les pas du peintre et sa version, excellemment romancée par Jean-Michel Guenassia mérite d’être lue et appréciée. Vincent Van Gogh est mort le 29 juillet 1890, à Auvers. Il avait 37 ans et la thèse du suicide est controversée, niée par le médecin légiste qui l’a examiné.

Jean-Paul

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