Jack London : Martin Eden

Martin Eden       par    Jack London.

Présenté, traduit de l’anglais (USA) et annoté par Philippe Jaworski.

Première édition : The Macmillan Co (1909)

Édition Française illustrée (1921), Georges Crès et Cie (1926)

Le Livre de Poche (1980) ; 10/18 (1997 et 2017) ; Libretto (2010)

Gallimard (2016) ; Folio (2019) 544 pages + dossier (42 pages).

 

 

Il fallait que j’aille au bout et je ne cache pas que ce fut long et pénible, comme la vie de Martin Eden, sortie de l’imagination du grand Jack London (1876 – 1916), de son vrai nom John Griffith Chaney, dont je me souviens avoir lu Croc-Blanc, il y a bien longtemps…

 

C’est le film superbe de Pietro Marcello que j’ai vu dans le cadre du Festival international du Premier film d’Annonay, qui a motivé la lecture du roman. Durant celle-ci, j’ai eu l’image de Luca Marcinelli qui campe un formidable Martin Eden. Mais quelle belle idée d’avoir situé l’histoire en Italie, à Naples, en lieu et place d’Oakland, de l’autre côté de la baie de San Francisco où Jack London a vu le jour et a vécu ! J’aurais adoré que le roman se passe dans ce cadre napolitain qui offre tellement plus de ressources à l’imaginaire et au rêve.

 

Malgré tout, je reconnais que le tableau de la société californienne du début du XXe siècle, dressé par l’auteur de L’Appel de la forêt, est fort instructif et éloquent. Le peuple se débat dans la misère, constituant une classe laborieuse exploitée au maximum alors que la bourgeoisie étale insolemment sa richesse tout en méprisant celles et ceux qui créent cette richesse par leur travail. Ah bon ? Ça n’a pas beaucoup changé ?...

 

 

Même si Philippe Jaworski, professeur émérite à l’Université Paris Diderot, qui préface longuement le livre et assure un dossier complet, le conteste, il est certain que Jack London (photo ci-contre) a mis beaucoup de son vécu dans son récit.

 

Avec une verve incroyable, un débit littéraire abondant, il campe un homme parti de rien, issu des plus basses couches du peuple, qui tente de se faire une place dans la littérature par la seule force de son travail, de l’étude solitaire. Il réussit à écrire, met sa santé en danger, souffre de la faim, se prive de sommeil pour réussir à parvenir au bout de son rêve fou.

 

 

Martin Eden était marin, se battait facilement pour se faire respecter mais, pour avoir porté secours à un jeune bourgeois, découvre un autre monde qui le fascine au début et tombe amoureux de Ruth qui l’éblouit et l’émerveille.

 

Séduit d’abord par les idées socialistes, ses lectures le poussent vers toujours plus d’individualisme. L’argent lui manque terriblement. Il tente de faire publier ses textes dans des magazines mais tous refusent. Malgré tout, il continue, écrit sans cesse, rêve de succès, suit les conseils de Russ Brissenden, un poète social et suicidaire.

 

 

 

Dans Martin Eden, Jack London montre toute la vanité du succès littéraire. Un écrivain de grand talent peut rester méconnu jusqu’au bout si personne ne lui donne sa chance. Le succès peut survenir par le plus grand des hasards et un phénomène de mode s’empare alors du public, phénomène que les médias et les réseaux sociaux aujourd’hui tentent toujours d’amplifier.

 

 

 

 

À ce moment-là, que devient l’homme ? Ici, Jack London se montre très pessimiste. Dès que le succès tant attendu arrive, Martin Eden est incapable d’écrire. Il ne rédige plus une ligne et j’ai trouvé cela la pire chose qui puisse arriver à un homme qui a tout sacrifié à la littérature.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bonjour ! Je viens de lire Martin Eden et j'ai adoré ! J'hésitais à voir le film, mais j'apprends donc que l'histoire a été située en Italie !!! Je ne suis pas sûre d'avoir envie de le voir du coup, je pense rester sur l'imaginaire que j'ai visualisé au fil des pages.
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