Marie-Sabine Roger : Dans les prairies étoilées
-
Dans les prairies étoilées par Marie-Sabine Roger.
Éditions du Rouergue (2016), 301 pages ; Babel (2019) 336 pages ; Feryane (2016) 392 pages.
/image%2F3417118%2F20200910%2Fob_2fb48e_dans-les-prairies-etoileesbroche.jpg)
La tête en friche, Vivement l’avenir et Bon rétablissement m’avaient vraiment étonné et ravi. C’est donc avec un a priori très favorable que la lecture de Dans les prairies étoilées a commencé : aucune déception bien sûr !
Dans ce roman, Marie-Sabine Roger (photo ci-dessous) nous fait partager le quotidien de Merlin Deschamps, artiste créateur de BD et illustrateur de documents sur les oiseaux. Avec Prune « drôle d’oiseau maigre », sa compagne, ils ont décidé de se retirer au calme dans une maison un peu loin de tout. Avant l’achat, la visite est un bon moment car ce n’est que la soixante-troisième bicoque que Merlin et Prune découvrent. C’est le coup de foudre pour les 300 m2 « d’une baraque plus truffée d’escaliers qu’un donjon des Corbières, avec un chantier pharaonique en perspective. »
/image%2F3417118%2F20200910%2Fob_412dff_marie-sab-dans-les-prairies.jpg)
Si Prune a 49 ans, Merlin en a 57 et il est l’auteur d’une série de BD, Wild Oregon, dont le tome XIII vient de paraître. Son héros se nomme Jim Oregon mais survient l’annonce de la nouvelle de la mort de son ami, Laurent, et Merlin est bouleversé. C’est lui qui lui a servi de modèle pour Jim. Pour le personnage de Phoebe Plum, il s’inspire de Prune. Par contre, il dote Phoebe Plum de courbes très généreuses, beaucoup plus que dans la réalité, ce qui ne fâche pas celle qu’il appelle aussi « sa marmotte furieuse ».
Le texte est constellé de phrases délicieuses ou de remarques très pertinentes comme : « Je préfère le dessin à la vie. On peut faire, défaire, changer à l’infini ou presque. » ou encore : « Quand on s’aime, se taire est une connivence. » Les souvenirs reviennent mais il faut se rendre à l’enterrement de Laurent.
/image%2F3417118%2F20200910%2Fob_1993c1_dans-les-prairies-feryane.jpg)
Nous faisons alors connaissance avec Tante Foune et Oncle Albert, un couple pas vraiment assorti. Tante a pris « des dispositions » et Laurent, athée, qui voulait être incinéré se retrouve enterré au cimetière catholique après une messe et une bénédiction ! Cela nous gratifie de scènes désopilantes et donne l’occasion à l’auteure de nous apprendre que l’expression vouer aux gémonies vient de cet escalier, à Rome, qui reliait le Capitole au Forum. C’est là qu’on exposait les corps des suppliciés avant de les jeter dans le Tibre…
La suite de l’histoire est un régal pour les amateurs de whisky. Les noms des oiseaux ou autres animaux cités sont toujours complétés par leur désignation officielle en latin et l’auteure réussit à nous faire partager les moments de doute ou d’exaltation d’un auteur en recherche d’inspiration. En effet, Laurent a fait part de ses dernières volontés et comme « les morts ne meurent pas tant que l’on pense à eux », Merlin doit aller au bout de sa série avec, à ses côtés, une Prune toujours vigilante et prévenante.
Jean-Paul