Philipp Meyer : Le fils
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Le fils par Philipp Meyer.
Traduit de l’anglais (USA) par Sarah Gurcel. Titre original : The Son.
Albin Michel (2014) Le Livre de Poche (2018) 785 pages.
Quelle saga ! Quelle plongée dans l’Amérique profonde ! Plus exactement dans le sud des États-Unis, près de la frontière mexicaine, dans ce Texas conquis sur des Indiens qui l’avait pris à d’autres peuplades auparavant… Les verts pâturages, les terres vierges si appréciées des troupeaux de bisons ont été souillées par le pétrole et l’argent-roi, tout cela pour un résultat connu seulement à la fin du livre…
Le fils, second roman de Philipp Meyer, m’a emporté là-bas, sur ces terres immenses dont je n’ai qu’une vague idée. L’auteur jongle sur plusieurs périodes mais reste dans la famille McCullough dont le fils qu’on appelle Le Colonel, est le personnage principal.
Malgré tout, ils sont trois à se partager le récit et leur histoire se mêle, s’entrecroise et l’arbre généalogique placé au début du livre est bien utile pour s’y retrouver. Le Colonel s’appelle Eli McCullough avant d’être nommé Tiehteti par les Comanches et ses aventures sont, de loin, les plus passionnantes, surtout dans sa période indienne qui débute par un drame effroyable et se poursuit dans le sang et les souffrances avant de prendre un tour beaucoup plus agréable lorsque le garçon réussit à se faire accepter et respecter par la tribu dans laquelle il vit.
Philipp Meyer (photo ci-dessous) fait preuve d’une connaissance approfondie des us et coutumes indiennes, précise bien les noms des diverses tribus et leurs relations. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, rien n’est uniforme et ce roman permet bien de comprendre comment leurs terres ont été conquises et comment ils ont été pratiquement exterminés, même si le sang a coulé des deux côtés.
De son côté, Peter McCullough tient son journal. Il est un des trois fils d’Eli et c’est lui qui gère le domaine acquis par son père, lui qui était le moins préparé des trois. Son récit se passe au moment de la Première guerre mondiale et s’attache surtout aux rapports avec les Mexicains venus chercher du travail ou vivant déjà sur des terres dont ils sont peu à peu chassés. Peter est un sentimental. Il a vraiment un cœur et ce qu’il écrit dans son journal me touche beaucoup, surtout si je compare avec les idées du Colonel et des autres membres de la famille.

Enfin, l’auteur parle de Jeanne Anne, appelée aussi Jeannie. Elle est la petite-fille de Peter et ce qu’elle vit couvre les années 1940, le règne du tout pétrole, avec les conséquences des actes passés vis-à-vis de la famille Garcia qui donnent l’occasion à l’auteur d’ajouter un personnage important.
Dans cette saga, que de massacres, que de vies supprimées, abrégées pour posséder toujours plus ! Quel gâchis d’une nature magnifique, généreuse. L’homme est un prédateur, un destructeur, un ravageur et Philipp Meyer en fait une splendide démonstration.
Ce livre est une leçon de vie, d’histoire de civilisations qui en effacent d’autres, détruisent, s’installent, se développent puis périclitent d’avoir trop grandi, eu trop d’appétit, véritable leçon pour aujourd’hui.
Un grand merci à Simon pour cette superbe lecture !
Jean-Paul