Leïla Slimani : Chanson douce

Chanson douce       par     Leïla Slimani.

Nrf - Gallimard (2016), 226 pages ; Folio (2018) 256 pages..

Prix Goncourt 2016.

 

Cela aurait pu être un polar, un thriller insoutenable mais Leïla Slimani,(photo ci-contre) auteure déjà de Dans le jardin de l’ogre, a choisi de tout révéler dès les premières pages de son second roman pour nous emmener ensuite sur les pas cette Louise, petite femme blonde, chétive mais dotée d’une force physique surprenante afin d’essayer d’expliquer l’incompréhensible.

 

 

Dans ce bel immeuble, rue d’Hauteville (5ème arrondissement), où habitent Paul et Myriam Massé, le drame a eu lieu : Adam, leur bébé, est mort et Mila, sa sœur aînée, va succomber tandis que «… l’autre… il a fallu la sauver… Elle n’a pas su mourir. La mort, elle n’a su que la donner. » Cette autre, c’est la nounou, celle qui savait si bien s’occuper des enfants, de l’appartement et qui chantait une Chanson douce

 

 

Myriam s’était bien occupée de Mila, « chétive et criarde » puis, alors que sa fille avait un an et demi, elle a été enceinte d’Adam. Dès sa naissance, c’est devenu trop lourd pour la maman qui est avocate et rêve de se donner entièrement à son métier. Quant à Paul, assistant son pour un studio d’enregistrement, il passe beaucoup d’heures à son travail et finit tard la nuit.

 

 

Tout a été bien organisé pour recruter la nounou idéale : trente minutes d’entretien pour chacune, un samedi après-midi. Gigi, à peine 50 ans ne plaît pas. Grace, ivoirienne souriante mais sans papiers non plus comme Caroline, blonde, obèse aux cheveux sales, et Malika, marocaine qui a pourtant vingt ans de métier. Myriam ne veut pas de maghrébine.

 

 

Quand Louise se présente, c’est un véritable coup de foudre amoureux. Elle vit seule depuis la mort de son mari et sa fille, Stéphanie, a déjà 20 ans : « Son visage est une mer paisible, dont personne ne pourrait soupçonner les abysses. » De plus, de précédents employeurs ne font que des compliments sur elle.

 

 

Le retour en arrière est donc lancé pour nous permettre de comprendre tout le poids que porte Louise. Sa fille lui a causé beaucoup de problèmes et son mari, à son décès, lui a laissé d’énormes dettes. Elle habite Créteil et voudrait rester dans cet appartement où elle s’occupe de tout. La famille l’emmène même en vacances à Athènes puis sur l’île de Sifnos, dans la mer Égée : « Une beauté pure, simple, évidente. Une beauté à la portée de tous les cœurs. » C’est pourtant là-bas que les premiers signes inquiétants se manifestent.

 

 

Tout se dégrade. La relation avec Paul et Myriam n’est plus bonne. Louise est très économe et cela ne plaît pas au couple qui gaspille trop facilement. Ici, l’on sent bien que l’auteure tente d’accumuler un maximum de preuves de la folie de sa meurtrière qui sombre un temps dans « une mélancolie délirante » puis reprend son travail.

 

 

Quand Louise se met en tête de voir venir un troisième enfant dans la petite famille au point d’imaginer une sortie en soirée dans Paris, avec les gosses, c’est beaucoup trop. Paul et Myriam n’ont pas besoin d’elle pour faire l’amour et il est possible qu’ils aient entendu parler de contraception…

 

 

Chanson douce reste un roman très bien écrit, bien mené mais ce Prix Goncourt, nous l’aurions personnellement attribué à Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo, présent dans les huit finalistes, roman qui a peut-être payé le prix d’être trop dérangeant pour notre société de consommation… mais qui vient finalement d'obtenir le Prix du Livre Inter.

 

Un grand merci à Cathy qui nous a permis de lire ce livre.

Jean-Paul

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