Antoine Choplin : Nord-Est

Nord-Est        par    Antoine Choplin.

La fosse aux ours (2020), 206 pages.

 

À force de penser à ces longues et douces plaines du Nord-Est, Garri prend l'initiative de partir du camp, maintenant que c'est possible, à pied, pour tenter de les rejoindre. C'est par une belle journée de printemps qu'il se met en route.

 

Jamarr, Saul qui est muet et  Emmett un jeune adolescent sont les seuls à avoir décidé de l'accompagner dans ce long périple, espérant pouvoir y reconstruire leur vie. Ils sont tous porteurs d'un sac à dos et Garri et Jammar ont en outre un ballot en bandoulière sur le devant du buste où se trouvent les rations. Deux jours plus tard, ce sera une rencontre inattendue avec un homme qui est en train de s'enfoncer dans une sorte de marais. Ils vont réussir à le ramener sur la terre ferme, lui et ses précieux dessins de pétroglyphes. Il s'agit de Ruslan qui, le lendemain, les conduira à son village où vit entre autres, Tayna. Ces deux personnes se joindront alors à eux pour escalader les montagnes qui paraissent infranchissables afin de pouvoir gagner ces fameuses plaines.

 

C'est ce voyage ou plutôt cette expédition qui est relatée dans ce roman composé de trois parties : le plateau, la montagne, et enfin les plaines. Cette équipée sera essentiellement physique, notamment lorsqu'il s'agira de triompher de cette barrière redoutable que sont ces hautes montagnes. Elle sera aussi aventureuse quand il s'agira de choisir le bon chemin et pénétrer dans ces villages en ruines.

 

Mais c'est avant tout le cheminement humain et les personnages qui ont retenu toute mon attention. Des personnages sobres qui parlent peu, mais qui pourtant, chacun à leur manière, expriment leurs sentiments tout au long de ce que l'on peut appeler un exode vers un lieu accueillant.

 

Dans les difficultés et l'inconnu vers lequel ils se dirigent, il est impossible de ne pas être charmé par ce jeune Emmet égrenant ses mélodies tout au long du parcours et par Saul, ce poète muet qui ne l'a pas toujours été. De magnifiques moments de poésie nous sont offerts notamment avec la réaction d'Emmet lors de l'agonie de ce cheval trouvé dans les ruines ou cette séquence bouleversante lors de l'achat de livres par Tyna. Superbement évoquée également la connivence entre ce gamin et Saul. Un grand sentiment de fraternité traverse tout le roman.

J'ai vraiment cheminé et bataillé à leurs côtés, sentant les graminées m'effleurer, appréhendant l'entrée dans ces maisons en ruines et surtout j'ai craint de ne jamais arriver à franchir ces montagnes et descendre cet immense pierrier, avec toujours l'espoir chevillé au cœur, tout ceci grâce au talent de l'auteur également passionné de montagne. 

 

Comme à chacun de ses romans (Le héron de Guernica, La nuit tombée, L'impasse, L'incendie, Une forêt d'arbres creux, Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar, À Contre-courant), j'ai été conquise par l'écriture d'Antoine Choplin (photo ci-cessus), une écriture très sobre et pudique, pleine de sensibilité et à la fois très puissante. Sans aucun nom de lieu, sans que l'on sache où se situe ce récit, l'auteur nous embarque dans une quête de liberté à valeur universelle où l'espoir et la solidarité sont les moteurs. Il donne vie ainsi, à tous ces exilés obligés de fuir, prêts à tout supporter pour retrouver la liberté, qui rêvent d'un lieu où enfin pouvoir s'établir et revivre.

Ghislaine

 

Nord-Est      par     Antoine Choplin

La fosse aux ours (2020), 206 pages.

 

Plonger dans un livre d’Antoine Choplin (photo ci-dessous), c’est entrer dans un monde bien à lui, se fondre dans une atmosphère à la fois mystérieuse et envoûtante.

 

 

J’avais vraiment aimé lire Le Héron de Guernica, L’Impasse, La Nuit tombée, Une forêt d’arbres creux et Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar et je reconnais que Nord-Est est de la même veine avec cette qualité d’écriture inimitable, à la fois simple et soignée.

 

 

Antoine Choplin m’a embarqué sur les pas de Garri, Emmette, Jamarr et Saul qui rêvent de rejoindre les plaines du Nord-Est. Ils étaient dans un camp qui semble avoir ouvert ses portes et n’en peuvent plus d’attendre des camions pour les emmener.  Ils décident donc de partir à pied et de passer au plus court, par les montagnes, pour retourner dans ces plaines dont ils sont originaires et dont ils éprouvent une nostalgie bien compréhensible.

 

 

Dans quel pays sommes-nous ? En quelle année nous trouvons-nous ? Quel est ce régime totalitaire qui a enfermé, torturé ces hommes ? Impossible de le savoir précisément. À chacun de se faire sa propre idée. L’auteur est assez fort pour ne donner aucun indice trop précis.

 

Par contre, il raconte le périple de ces hommes - auxquels une femme, Tayna, se joint dès le pied des montagnes – d’une façon qui captive l’attention, faisant craindre le pire à chaque page.

 

 

Le sauvetage de Ruslan, un homme qui recherche les pétroglyphes gravés autrefois dans la montagne, ajoute un nouveau compagnon à l’équipe conduite par Garri, un homme très avisé.

 

 

Avec ces pétroglyphes, ces gravures, j’apprends que des hommes ont tenté de les effacer. Cela fait penser aux destructions de vestiges archéologiques au Moyen-Orient. Ruslan, pour sauver ces traces d’une civilisation disparue, passe son temps à rechercher ces pétroglyphes et à les dessiner pour en conserver malgré tout la mémoire.

 

La traversée des montagnes est décrite avec une précision remarquable. J’avais l’impression d’être avec ce petit groupe. J’ai ressenti la chaleur, le froid, la pluie, les violents orages, l’humidité pénétrante de la brume mais aussi les tensions, les hésitations de certains, leurs doutes et admiré leur courage.

 

 

Sans rien révéler de plus, j’ai été profondément ému par une scène, au cœur des montagnes, après de violents orages, où la poésie est mise à l’honneur grâce à Saul.

Nord-Est, ses plaines, est-ce un mirage, une destination rêvée, idéalisée ? Pour le savoir, il faut lire et se laisser emporter par le dernier roman signé Antoine Choplin.

 

Jean-Paul

 

 

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