Vanessa Gault : Jeu de dupes

Jeu de dupes       par     Vanessa Gault.

Auto édition  (2020) 243 pages.

 

 

C'est l'histoire d'un jeune homme Brandon, inscrit dans une école de commerce qui vit seul avec sa mère Laetitia. Il a bien posé quelques questions sur son père lorsqu'il était petit enfant, mais trop petit selon sa mère, pour entendre des méchancetés, puis plus rien. Ce n'est que plus tard, un jour en rentrant de la fac qu'il remet la question sur le tapis et va harceler sa mère pour en savoir plus. Elle lui explique alors comment elle a rencontré cet étudiant en médecine, l'a aidé, aimé, et comment il s'est enfui sans laisser d'adresse. Elle finit par lâcher un nom. Brandon s'en empare et va tenter de retrouver, sans en parler à quiconque cet homme qui a quitté sa mère avant qu'il ne soit né. Pendant cette recherche, il fera connaissance de Margaux cette étudiante en psychologie dont il deviendra amoureux.

 

Jeu de dupes est au départ un roman social. Laetitia, mère célibataire, issue d'un milieu modeste, est secrétaire car "en troisième on m'avait orienté vers le secrétariat, la question ne s'est même pas posée; chez nous, on faisait pas de longues études". Elle élève donc seule son fils depuis sa naissance puisque le père, étudiant en deuxième année de médecine l'a abandonné avant la naissance du bébé. Ce garçon bien que choyé par sa mère qui fait tout pour satisfaire ses envies, quitte à se priver elle-même, va faire l'expérience de la honte sociale en côtoyant notamment Margaux, cette jeune fille, d'un milieu plus aisé que le sien. Il reprend d'ailleurs très souvent sa mère dans ses expressions, et s'il évite maintenant de le faire à haute voix, il la corrige dans sa tête. Il a honte également de son prénom qu'il qualifie de prénom de perdant.

 

Vanessa Gault (photo ci-dessus) décrit très bien à travers ses personnages les deux milieux sociaux bien différents que sont, celui modeste du foyer de Brandon et celui bourgeois de Margaux. Ce fossé entre les deux pourra être comblé avec  la richesse du cœur et la noblesse des sentiments.

 

À partir du moment où Brandon va partir en quête de ce père dont il a seulement le nom et quelques indices sur la voie professionnelle qu'il a pu suivre, les choses vont évoluer rapidement mais d'une manière surprenante. En effet, voulant cacher ses recherches à sa mère, en mentant pour s'inscrire à un séminaire, en se faisant passer pour un étudiant en psychologie, il va se retrouver dans l'obligation de tenir son rôle auprès de cette belle étudiante, un mensonge en entraînant un autre. D'autant que l'homme qu'il pense être son père s'avère être un personnage plus qu'énigmatique et difficile à cerner. Parviendra-t-il à lui faire ôter son masque et à l'obliger à se dévoiler ?

 

Il est difficile de ne pas se glisser dans la peau de ce jeune homme et de le suivre dans sa recherche de paternité. On voudrait le mettre en garde lorsqu'il commence à mentir et lui dire d'arrêter, de ne pas s'enferrer dans ses mensonges, mais il poursuit. L'auteure a parfaitement cerné la psychologie de Brandon comme celle des autres personnages, et analysé comment cette escalade dans le mensonge est difficilement récupérable. Elle relate également de manière très sensible  la découverte de l'amour, la rencontre entre Brandon et Margaux et la relation amoureuse qui en découle est traitée avec beaucoup de sensibilité de poésie et de justesse.

 

J'ai aimé  la voix de Laetitia, cette mère courageuse, simple à la fois libre et solide, ne souhaitant que le bonheur de son fils et sa loyauté. J'ai aussi assisté avec crainte et beaucoup de suspense à l'émancipation de ce garçon et à la recherche de son moi, tout autant peut-être qu'à la recherche de son père.

 

Je remercie chaleureusement Vanessa Gault pour sa confiance, me permettant de découvrir cette brillante et fine étude psychologique qu'est Jeu de dupes. C’est un titre on ne peut plus approprié. En effet, un jeu de dupes c'est une affaire dans laquelle quelqu'un se fait avoir, et où on abuse de sa confiance et au fond, l'expression adopte le point de vue de la victime.

 

À vous maintenant de dénombrer le nombre de victimes en lisant ce bouquin à la belle couverture bien représentative de son contenu : une main tenant un masque devant son visage.

Ghislaine

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