Fatima Daas : La Petite Dernière

La Petite Dernière      par   Fatima Daas.

 Les éditions Noir sur Blanc (2020) 186 pages.

 

 

La petite dernière est le premier roman de Fatima Daas. Il s'agit d'un monologue autobiographique composé de courts chapitres commençant chacun par "je m'appelle Fatima" ou « Je m'appelle Fatima Daas ». Tout le livre est écrit à la première personne et au présent. Ce texte percutant, scandé, nous révèle son identité. Elle est française d'origine algérienne. Elle est la "mazoziya", la dernière, la petite dernière, celle à laquelle on n'est pas préparé.

 

Après trois filles, elle est la seule à être née en France et son père espérait un garçon. Elle ne réalise qu'elle est une fille que le jour où en cours de sport, elle a ses règles. Elle habite Clichy-sous-bois, elle est musulmane pratiquante comme sa famille et elle est asthmatique allergique.

 

"Adolescente, je suis une élève instable.

Adulte, je suis hyperinadaptée."

 

C'est la confession d'une jeune femme qui n'a qu'un souhait vivre libre et qui doit essayer de briser le carcan familial, social, et religieux pour pouvoir exprimer son amour pour les femmes. Difficile de s'épancher quand dit-elle, "L'amour, c'était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi". C'est une lutte intérieure perpétuelle entre ce qui est interdit et son désir. Prétextant parler au nom d'une amie, elle tente vainement de trouver une autorisation ou du moins une réponse auprès des autorités religieuses. Pas facile également pour une jeune femme qui a été élevée avec l'injonction de ne pas livrer ses sentiments de libérer ses émotions.

 

Tiraillée entre deux cultures, entre deux pays, tiraillée entre la religion et sa sexualité et son attirance pour les femmes, Fatima Daas (photo ci-contre) cherche un équilibre et pose la question de l'identité et de l'acceptation de soi.

 

 

Avec cette forme d'écriture non dénuée d'autodérision, où les deux langues s'entrecroisent, l'autrice nous propose plus qu'une autofiction, une réflexion sur des thèmes bien contemporains dont le principal est à mon avis l'emprise de la religion.

 

Je suis restée cependant, tout au long du livre, assez mal à l'aise à l'évocation de cette religion omniprésente, si prégnante, musulmane ou autre qui prive les personnes de leur libre-arbitre et d'accès au  bonheur.

Ghislaine

 

 

La Petite dernière       par    Fatima Daas.

 Les éditions Noir sur Blanc (2020) 186 pages.

 

Fatima Daas, dans La Petite dernière, réalise un roman hors normes qui m’a souvent mis mal à l’aise mais aussi qui m’a enchanté par son originalité et son caractère répétitif.

 

C’est une succession de courts chapitres commençant toujours par « Je m’appelle Fatima », ajoutant de temps à autre son nom de famille.

 

Fatima Daas,  la mazoziya, la petite dernière de la famille, celle qui aurait dû être un garçon comme l’espérait Ahmad, son père. Ses deux sœurs sont nées en Algérie. Elle est la seule à être née en France, par césarienne. Sa mère, Karmar, est maîtresse en son Royaume, sa cuisine.

 

Tout cela est important mais bien peu finalement à côté de la religion. Sans cesse, elle répète qu’elle est musulmane. La lecture  de ce livre est alors très instructive car elle démontre de façon magistrale toute l’emprise psychologique qu’impose l’islam avec ses rites, ses invocations pour n’importe quelle situation, ses prières égrenées tout au long du jour.

 

Fatima Daas est complètement asservie mais ne s’en dégage pas. Au contraire, elle voudrait trouver dans sa religion un moyen d’être acceptée avec son amour pour les filles, pour les femmes et tente d’obtenir satisfaction auprès d’imams.

 

Elle qui dit s’être rendu compte qu’elle était une fille lorsqu’elle a eu ses premières règles, se comporte comme un garçon, puis essaie avec un ou deux petits amis. Finalement, c’est avec des femmes plus âgées qu’elle trouve affection et tendresse. De plus, son asthme ne lui laisse guère de répit.

 

Surtout, il y a Nina dont elle est amoureuse mais rien n’est simple car Fatima est mal dans sa peau. Elle est torturée par le fait de ne pas respecter  les préceptes de l’islam, nous gratifie du texte de plusieurs prières, de beaucoup de mots et de citations en arabe, cite aussi Annie Ernaux et Duras.

 

J’ai apprécié d’apprendre la signification de beaucoup de mots, de noms arabes. Par exemple, « Fatima signifie « petite chamelle sevrée ». Sevrer, en arabe : fatm. »

 

 

J’ai pu aussi comprendre toute la souffrance de ces gens déracinés, heureux de retourner en Algérie, d’y retrouver la famille mais pressés de revenir en France.

 

 

Fatima Daas (photo ci-contre) a vraiment des dons pour l’écriture. Elle est adoubée par Virginie Despentes et prouve toute son originalité avec ce premier roman.

 

Tout au long de ma lecture, je me suis demandé comme une fille aussi intelligente, toujours en rechercher d’elle-même, ne réussissait pas à s’extraire de la gangue religieuse qui lui interdit formellement de vivre son homosexualité et ses amours comme elle l’entend. Ce n’est peut-être qu’une question de temps ?

Jean-Paul

 

 

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