Patrick Guillot : Misogynie, misandrie, il y a deux sexismes
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Misogynie, misandrie, il y a deux sexismes par Patrick Guillot.
Éditions De Varly (2018) 214 pages.
Misandrie, ce terme peu connu donc peu utilisé est le sexisme équivalent à la misogynie. Ce dernier discrimine les femmes alors que le premier s’attaque aux hommes.
Dans cet essai remarquablement documenté : Misogynie, misandrie, il y a deux sexismes, Patrick Guillot, déjà auteur de trois ouvrages - Quand les hommes parlent ; La cause des hommes. Pour la paix des sexes ; La misandrie. Histoire et actualité du sexisme anti-hommes – a réalisé un travail remarquable.
Le résultat est d’autant plus courageux qu’il va à contre-courant de la tendance qui s’affirme depuis quelques années : les femmes sont des victimes, les hommes des agresseurs.
Pour bâtir son essai, l’auteur n’a pas hésité à remonter loin dans le temps en commençant par la misandrie théologique, querelle interminable autant que stérile pour savoir quel sexe est supérieur à l’autre. Avec une infinie précision, Patrick Guillot (photo ci-contre) cite ses sources, résume ses conclusions dans des tableaux clairs et précis. Il passe du messianisme féminin à la misandrie guerrière puis aborde les virginistes avant d’arriver à la misandrie victimaire qui triomphe dans la seconde partie du XXe siècle et aujourd’hui.
Patiemment, il reprend les poncifs véhiculés dans les médias comme « les hommes n’ont pas de sentiments », « les « valeurs » sont féminines exclusivement », « la misandrie n’existe pas », « les pères jouent un rôle mineur dans la procréation et dans l’éducation », « les pères n’aiment pas leurs enfants », « discriminer les pères est légitime », etc… Les exemples ne manquent pas et sont exploités par les misandres, qu’ils soient des hommes ou des femmes.
Tous les rouages de la société sont passés au crible, de la maternité à l’école, en passant par l’entreprise et la vie de famille. Il n’écarte pas, bien sûr, le problème des violences, qu’elles soient physiques ou sexuelles. Ses sources statistiques sont diverses, ne proviennent pas d’un seul pays et prouvent que les hommes sont aussi victimes de violences physiques et sexuelles, moins nombreuses mais réelles, ce qui est presque tout le temps occulté.
Au moment où l’inceste défraie la chronique, il faut savoir, hélas, que ce n’est pas une exclusivité masculine comme les infos diffusées quotidiennement l’affirment sans nuances. Patrick Guillot rappelle aussi que de nombreux enseignants ont été mis en cause par de fausses accusations, sans preuves, et qu’ils n’ont pas été soutenus par l’Éducation Nationale. Il ne faut pas déplorer alors la démasculinisation du métier. Il ajoute aussi, et c’est intéressant, que la raréfaction des hommes dans l’enseignement pose des problèmes d’identification aux jeunes garçons.
Patrick Guillot reprend enfin toutes les formules lapidaires comme « les hommes sont violents dans le couple », « les hommes battus n’existent pas » ou encore « les hommes ne changent jamais » puis il contredit l’écriture misandre de l’Histoire.
Qu’on ne s’y trompe pas, Misogynie, misandrie, il y a deux sexismes, ne s’attaque pas au féminisme mais rééquilibre judicieusement les deux sexismes alors que la misandrie, bien réelle, est injustement mise de côté. Si les femmes souffrent de la misogynie, il faut se battre pour la faire reculer et en cela notre société progresse tout de même. Mais ces conquêtes légitimes ne vaudront plus rien si l’autre moitié de la population souffre à son tour comme c’est le cas.
Que les sexes vivent en harmonie dans un profond respect mutuel, tel est le but recherché en obligeant la prise en compte de la misandrie. Il y a encore beaucoup de travail pour cela et cet essai y contribue courageusement.
Jean-Paul