Fredrik Backman : Le monde selon Britt-Marie

Le monde selon Britt-Marie      par     Fredrik Backman.

 (La vie a parfois besoin d’un second coup d’envoi)

Traduit du suédois par Laurence Mennerick (titre original : Britt-Marie var här)

Mazarine (2018) 396 pages ; Le Livre de Poche (2021) 432 pages.

 

 

Pour une découverte, c’est réussi ! Le monde selon Britt-Marie m’a absorbé, captivé, amusé, fait réfléchir et surtout permis de passer de très agréables moments difficiles à interrompre car, une fois emporté par le style enjoué et efficace de Fredrik Backman, je n’avais qu’une envie, aller au bout de cette histoire aussi rocambolesque que réaliste.

 

Je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Mazarine pour ce livre qui sortira en Livre de Poche en avril prochain.

 

 

Personnage central annoncé dans le titre, Britt-Marie surprend, étonne, exaspère mais ses innombrables manies la rendent de plus en plus sympathique comme devant ce guichet automatique : « Britt-Marie met un petit moment à effectuer son retrait car elle cache si soigneusement son code qu’elle ne voit pas non plus les touches. »

 

 

Britt-Marie a 63 ans, vient de quitter Kent dont elle a élevé les deux enfants, ne peut se passer de faire des listes, adore son balcon, vit à l’hôtel, ne supporte pas la moindre trace de saleté, range tout ce qui lui passe sous la main et se rend à l’Agence pour l’emploi. « Britt-Marie n’est pas passive-agressive. Simplement prévenante » alors que Kent, son époux, très sociable, est entrepreneur et travaille beaucoup avec l’Allemagne…

 

 

Il faut ajouter que, pour Kent, le foot est ce qui compte le plus au monde et que « Britt-Marie n’a jamais pardonné au football de lui prendre à la fois Kent et ses mots croisés. » ou encore : « Kent faisait le boute-en-train et Britt-Marie faisait la vaisselle. Voilà comment les tâches étaient réparties. » Ce roman fourmille de détails tous plus éloquents les uns que les autres comme cette marque de l’alliance à son annulaire, sa façon de répondre « Ha » pour marquer sa surprise ou sa désapprobation, de toujours effacer ces miettes invisibles sur sa jupe, de nettoyer les vitres, de saupoudrer du bicarbonate sur à peu près tout…

 

 

 

Fredrik Backman (photo ci-dessous) situe l’essentiel de son roman dans ce village de Borg, traversé par une route, un village frappé de plein fouet par la crise économique, le chômage, la délinquance « La crise économique, peut-être finie dans les grandes villes, mais adore Borg. Elle habite ici maintenant, cette conne ! » Heureusement, les gosses adorent taper dans un ballon… Britt-Marie y a trouvé un emploi à la MJC et retrouvé le foot qui constitue la trame, le support, le moteur de ce roman autour d’un groupe d’enfants qui permet à Britt-Marie de se révéler aux autres et à elle-même. Bien sûr, nous sommes en Suède et le froid, la boue, la pluie, la bière, les jours trop courts ont leur importance.

 

 

Alors, pour jouer au foot, sur un parking, c’est simple : « Les enfants installent quatre cannettes de limonade en guise de poteaux de but. Les modestes boîtes d’aluminium ont le pouvoir magique de transformer les parkings en terrain de foot par leur simple présence. »

 

 

Dans ce village étonnant, avec ce jeu épatant, j’ai trouvé un peu  lourde cette insistance à parler des clubs anglais mais c’est largement compensé par un humour omniprésent et un regard tendre et lucide sur la vie : « Il y a un âge auquel presque toutes les questions qu’une personne peut se poser tournent autour d’un seul sujet : comment vivre sa vie ? »

 

Jean-Paul

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