Laure Barachin : Les Enfants du mal

Les Enfants du mal      par   Laure Barachin.

Auto édition  (2021) 259 pages.

 

 

Les Enfants du malpeut  se  lire comme un roman d’aventures mais il est bien plus que cela. C’est un ouvrage qui amène à se poser de nombreuses questions sur le poids de l’hérédité, de l’éducation, du hasard des rencontres, sur l’objectivité de nos choix et c’est également un grand livre sur l’amitié, sur l’amour mais aussi sur la haine. Y est traité aussi et avant tout le thème de la quête des origines pour les enfants abandonnés, sans oublier et c’est le comble, ce sentiment de culpabilité que peuvent ressentir certains.

 

Laure Barachin (photo ci-dessus) aborde avec beaucoup de justesse, de tact, d’émotion  et même de poésie des sujets cruciaux. Sous forme de fiction elle analyse les impacts  et les  différentes manières utilisées par « les enfants du mal », ces enfants de pédophiles, d’assassins, de criminels nazis, pour tenter chacun selon sa propre sensibilité et son propre environnement familial ou amical à faire face à ce terrible poids qui pèse sur leurs épaules et surtout dans leur tête.

 

Capucine est la narratrice et elle offre ce roman, écrit à partir de son journal d’enfant, à sa fille Aurore à qui elle dédie en exergue l’un des poèmes  des Contemplations de Victor Hugo : « il fait froid », lui demandant de lui donner le sens et la valeur qu’elle voudra.

 

Au foyer des lilas, Capucine, cette enfant de 9 ans abandonnée à sa naissance partage sa chambre avec Lucie, 5 ans, qui ne parle pas, ne pleure pas, ne rit pas, à qui le père a imposé des choses qu’il aurait dû réserver à sa femme. Elles seront accueillies par la même famille d’accueil, les Legrand chez qui elles feront connaissance de deux garçons Chris, 14 ans que sa mère a voulu empoisonner et Samuel, 6 ans, petit garçon juif, rieur, nés de parents miraculés qui n’ont pu supporter ce cadeau empoisonné. Bien qu’issus d’horizons très différents, une solide amitié les liera et les aidera pour un temps, dans leur solitude respective, à oublier le manque ou l’absence de leurs parents. Que deviendront-ils ensuite au fil du temps ? Comment se construire lorsqu’on ne connaît pas ses origines et comment les intégrer lorsqu‘elles sont trop perturbantes ? Comment feront-ils face aux défis qui les attendent et à une réalité parfois différente de celle qu’ils pensaient ?

 

 

C’est un récit poignant que nous livre Laure Barachin, où l’amitié se révèle extrêmement importante pour ces enfants en manque de repères familiaux mais pourtant parfois insuffisante à réparer certains traumatismes. Le point d’orgue étant cette découverte capitale mais ô combien noire et traumatisante pour Capucine, juste au moment où elle pensait, après maintes difficultés,  avoir trouvé l’amour et la sérénité ! La vérité sur ses origines apporte-t-elle toujours le bonheur ?

 

J’ai beaucoup apprécié ce petit roman qui se lit d’une traite. Il nous permet une fois encore de réfléchir à ce vieux débat entre l’inné et l’acquis, notamment à propos du mal.

 

J’ai été sensible aux différents extraits de poèmes mis en exergue de certains chapitres et toujours en parfaite adéquation avec ceux-ci comme ces vers tirés  des Métamorphoses d’Ovide ou encore ceux extraits des Femmes damnées de Baudelaire. De courts passages des Hauts de Hurle-Vents ou du Lys dans la vallée sont aussi présents et rehaussent encore l’écriture de l’auteure.

 

 

Ne reste plus qu’à attendre la sortie du deuxième tome de ce diptyque « Le Mirage de la justice » !

 

Une très belle découverte pour laquelle je remercie sincèrement Laure Barachin (photo ci-dessus), une écrivaine qui mérite une audience beaucoup plus large !

Ghislaine

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