Paul Veyne : Palmyre
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Palmyre, l’irremplaçable trésor par Paul Veyne.
Albin Michel (2015), 140 pages ; Points (2016) 160 pages.
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Palmyre, L’irremplaçable trésor. Paul Veyne, dans ce petit livre remarquable avec un cahier central de photos couleur, replace cette cité détruite par l’organisation terroriste Daech au centre de notre héritage culturel : « Malgré mon âge avancé, c’était de mon devoir d’ancien professeur et d’être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible… »

Utilisant un style simple, concis, Paul Veyne rappelle d’abord le supplice, la torture, la décapitation, le 18 août 2015, de l’archéologue palmyrénien, Khalet al-Assaad, resté jusqu’au bout sur place pour tenter de sauver ce patrimoine de l’humanité.
En plein désert, Palmyre est un site gréco-romain aussi somptueux que Pompéi ou Éphèse en Turquie. On y parlait l’araméen, parfois le grec et le temple de Bêl dont l’architecture rappelle la Perse et d’autres cultures, était le plus important de la ville.
Alors, l’auteur nous emmène là-bas, après 4 heures d’avion et 200 km de route goudronnée à travers le désert. « Les Palmyréniens n’étaient pas des barbares et ne voulaient pas l’être. » Cette ville comptait quelques dizaines de milliers d’habitants et la majorité du trafic caravanier venant de l’Inde et de l’Arabie passait par là.
Son origine remonte à plus 4 000 ans mais les monuments connus ont été élevés vers l’an 100 et 200 de notre ère. Dix-sept tribus connues ont vécu là. Ce sont les riches et les notables qui, comme ailleurs, étaient les maîtres de la cité et cherchaient à s’helléniser.

Ce livre se lit avec un immense plaisir mais avec une douleur immense au fond du cœur en pensant à ce qui s’est passé là-bas. Paul Veyne conte l’épopée palmyrénienne et ne manque pas de s’arrêter sur l’histoire de Zénobie qui tenta d’imposer son fils, Wahballat, comme empereur d’Orient. Zénobie a esquissé le partage entre Orient et Occident et si l’empereur Aurélien a mis fin à son aventure, elle est restée légendaire.

Paul Veyne (photo ci-contre) n’oublie pas de détailler les sculptures découvertes sur le site. Il précise : « Dieux araméens, mésopotamiens, arabes et même perses ou égyptiens…Tout est venu à Palmyre qui a emprunté de tous côtés. » Le Louvre conserve deux grandes vitrines avec des bustes palmyréniens.
Palmyre représentait la liberté, le non-conformisme, le multiculturalisme et « …ne connaître, ne vouloir connaître qu’une seule culture, la sienne, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir », conclut Paul Veyne.
Un grand Merci à Simon pour m’avoir permis de lire ce livre.
Jean-Paul