Pauline Delabroy-Allard : Ça raconte Sarah

Ça raconte Sarah         par     Pauline Delabroy-Allard.

Les Éditions de Minuit (2018), 188 pages ; Poche (2020) 192 pages.

Prix France Culture - Télérama 2018.

Prix du Style 2018.

 

 

 

 

 

Pauline Delabroy-Allard (photo ci-contre), pour son premier roman, a choisi d’écrire sur un amour fou, vraiment fou, entre deux femmes qui se découvrent et s’aiment mais, dès les premières lignes, l’érotisme qui s’en dégage est tempéré par les mots maladie, profil de morte…

 

 

 

Ça raconte Sarah, formule du titre répétée souvent, jalonne un récit étonnant, déroutant, émouvant mais aussi dérangeant dans sa seconde partie lorsque l’idylle se transforme en cauchemar.

 

 

La narratrice est au premier plan de ce roman dans lequel débarque Sarah : « C’est une tornade inattendue… Elle est vivante. » En plus de quelques formules qui se répètent, l’auteure nous gratifie de définitions, d’explications pour latence, soufre et souffre, la commune des Lilas, la musique classique, la bora qui souffle sur Trieste, un quatuor en ré mineur…

 

 

 

Tout cela forme un ensemble étonnant qui a valu au livre de figurer sur une liste pour le Prix Goncourt. L’auteure fait preuve d’une imagination fertile mais pour sortir de cet amour fou elle fait voyager un peu partout, commençant par Paris où l’essentiel de l’action se passe.

 

 

Celle qui raconte est prof mais je n’ai pas vu mention de ce qu’elle enseigne. Elle est mère d’une fille « la fille », a un compagnon alors que le père n’est plus là mais c’est la tornade Sarah qui prend toute la place : « Elle parle en agitant les bras. Elle est elle-même le feu, le tournoiement de l’âme. Elle a l’apparence d’un démon. Elle est belle à tomber par terre, détestable à en crever. Elle boit beaucoup. Elle fume clope sur clope… »

 

 

Cette Sarah impressionne, prend toute la place: « Elle m’étreint, elle aspire mon souffle court entre ses lèvres. Elle règne sur Chambord, elle domine mon cœur, elle gouverne ma vie. C’est une reine. »

 

 

Pourtant, elle m’effraie de plus en plus car déjà les premières notes négatives se font jour : « L’intensité entre nous est trop forte, des orages éclatent, elle devient mauvaise, elle crie à en faire trembler les murs, elle tombe à genoux pleine de sanglot déchirants. »

 

 

 

Tout cela raconte Sarah, violoniste virtuose membre d’un quatuor qui se produit parfois loin de France : « Ça raconte Sarah, ça raconte Sarah l’inconnue, Sarah l’honnête fille, Sarah la dame prudente, Sarah la femme fantasque, Sarah la femme bizarre, Sarah la femme seule. »

Elle est pourtant aimée si intensément !

 

 

Pauline Delabroy-Allard a réussi une grosse performance littéraire avec beaucoup de vocabulaire, des mots, des phrases qui reviennent comme des mantras mais c’est cet amour fou qui m’a marqué, ce bonheur intense et ces joies extraordinaires. Mais que de douleurs, de souffrances ensuite pour une déchéance finale incompréhensible !

Jean-Paul

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