Didier Van Cauwelaert : On dirait nous
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On dirait nous par Didier van Cauwelaert.
Albin Michel (2016), 357 pages ; Le Livre de Poche (2018) 288 pages.
« On dirait nous à leur âge », dit Soline à Ilan, son amoureux qui raconte cette histoire peu banale. Ce couple de vieux, main dans la main, sur un banc, suscite leur curiosité mais ce couple idéal - « On ne sait pas lequel des deux protège l’autre. » - va les entraîner dans une aventure inimaginable et passionnante pour le lecteur.
Soline est violoniste et son instrument, Matteo, va jouer un rôle déterminant après qu’un fonds de pension l’ait repris à cause des problèmes financiers de la musicienne. Le couple observé, Georges Nodier et Yoa, ne tarde pas à rendre visite à Soline et Ilan. Ils habitent l’immeuble en face. Lui est professeur émérite de linguistique à la Sorbonne et elle, vient d’Alaska. Elle est tlingite, une tribu indienne oubliée dont les traditions nous emmènent sur la piste de la réincarnation.
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Yoa est très malade et sait qu’elle va bientôt mourir. Les Tlingits croient en la réincarnation et choisissent leur famille d’accueil : « Les Tlingits n’ont aucune peur de la mort : ils savent où ils vont. » Or, Yoa a décidé de se réincarner en l’enfant à venir de Soline et Ilan…
Georges n’hésite pas à mettre les moyens pour obtenir l’adhésion des jeunes mais les problèmes s’accumulent comme « les marques de naissance ». Ilan doit décider Soline et il sait que ce « ne sera pas une mince affaire. Surtout pour un athée comme moi qui, en termes d’utopies, ne croit qu’en la justice sociale, l’écologie apolitique et la paix favorisée par l’extinction des fanatismes. »
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Didier van Cauwelaert (photo ci-dessus) mène son récit de main de maître, comme à son habitude, avec un style précis, efficace, imagé et toujours captivant. Soline et Ilan donnent finalement leur accord : « Nous mordions à l’hameçon. À leurs appâts respectifs. Nous étions sous leur emprise et sous leur charme. »
Sans révéler la suite des péripéties de cette histoire peu ordinaire, il faut dire que l’auteur, bien documenté, nous fait découvrir une civilisation et ce qu’elle est devenue, victime du modernisme et de l’invasion touristique. Bien sûr, il nous emmène en Alaska où l’on trouve : « un tiers de militaires, un tiers de pétroliers et un tiers d’irréductibles natifs qui chassent ou pêchent ou tronçonnent la forêt, d’artistes en résidence, de commerçants franchisés et de fuyards qui se planquent. Tout le reste, c’est un faux rêve pour touristes… »
Jean-Paul