Jean-Pierre Rumeau : Le Vieux Pays

Le Vieux Pays      par    Jean-Pierre Rumeau.

Albin Michel (2018), 316 pages ; Le Livre de Poche (2020) 408 pages.

 

Ce roman est une double  découverte permise par Babelio et les éditions Albin Michel que je remercie.

 

C’est d’abord la découverte d’un auteur, Jean-Pierre Rumeau, ancien cascadeur puis formateur pour ce métier mis en valeur dans Le Vieux Pays, grâce à Antoine.

 

 

C’est aussi la découverte d’un lieu qui n’attire pas mais où beaucoup de gens vivent : Goussainville (Val d’Oise), à 1 km à vol d’oiseau de piste n°1 de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Vieux Pays existe et c’est considéré comme un village fantôme que certains tentent de faire revivre. Le roman de Jean-Pierre Rumeau est une belle pierre à l’édifice.

 

 

C’est justement au Vieux Pays que vit Pasdeloup (Wolfgang en allemand) Meunier, le héros à la main gauche amputée et au passé foisonnant d’aventures, un passé que nous découvrons par touches successives, sans véritable ordre chronologique.

 

 

Pasdeloup court, se dépense physiquement, calme ses douleurs physiques et mentales avec amphétamines et antalgiques mais il est surtout hanté par le crash du Tupolev 144, en juin 1973, lors du Salon du Bourget, le drame de sa vie car le souvenir de Jeanne est bien vivace : « Elle portait une petite robe, courte et légère. Ses jambes étaient musclées, son derrière ferme et rebondi. Il avait envie d’y poser ses lèvres, d’y mordre comme dans une pêche de vigne. »

 

 

Avec François et Catherine qui animent la librairie Bouquinville, ils vivent dans un quartier promis à la démolition. Souvent, l’auteur parle de portes et de fenêtres murées, d’une église classée monument historique que Pasdeloup parvient à restaurer, contrant efficacement l’immobilisme des autorités. Aussi, « Les temps ont changé. Le Vieux Pays se repeuple peu à peu. Il y a de nouvelles têtes… Son royaume s’est réduit à peau de chagrin. Il lui reste l’église, le parc et le château en ruine. »

 

 

Même avec ce décor à la limite du fantastique, cela ne suffirait pas à emballer la lecture et pourtant le roman prend vite aux tripes avec cette violence des rues, des quartiers abandonnés par l’État de droit, les dealers, les trafics et surtout les menaces de nouveaux attentats.

 

 

L’action ne se limite pas à Goussainville mais, sur les pas du héros qui était démineur dans l’armée, nous allons au Rwanda, à Bisesoro, dans « un paysage magnifique qui servait d’écrin à un massacre »,  mais aussi à Beyrouth et, avant ces épisodes dramatiques dans des kibboutz, en Israël.

 

 

Jean-Pierre Rumeau (photo ci-dessus) plonge son lecteur dans ces ensembles urbains comme Les Grandes Bornes, tours et barres d’immeubles construites dans les années 60 où vivent « 7 000 habitants et leurs spécialités : chômage, délinquance, pauvreté, non diplômés, étrangers, familles monoparentales, rodéos, affrontements avec la police. »

 

 

Au cours d’une lecture qui ouvre les yeux sur la réalité d’aujourd’hui, j’ai été pris par les nombreux rebondissements, le suspense haletant d’une lutte sans merci contre la folie humaine qui, sous prétexte de diktats religieux, s’évertue à massacrer des innocents.

Jean-Paul

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