Ellen Marie Wiseman : La vie qu'on m'a choisie

La vie qu’on m’a choisie     par    Ellen Marie Wiseman.

 Traduit de l’anglais (USA) par Tiphaine Ducellier.

Titre original : The Life she was given.

Faubourg Marigny (2021) 521 pages.

 

 

Regorgeant de coups de théâtre, de renversements de situation mais surtout d’horreurs dont sont capables les êtres humains, La vie qu’on m’a choisie réserve tout de même quelques moments de bonheur que j’ai pu savourer au passage.

 

Ellen Marie Wiseman, autrice étasunienne que je découvre grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions Faubourg Marigny, maîtrise parfaitement ce roman-fleuve très addictif. Elle conduit deux histoires en parallèle, l’une éclairant l’autre, alternant régulièrement la vie de Lilly et celle de Julia, un confort de lecture que j’apprécie.

 

Tout débute en juillet 1931, dans l’État de New York. Blackwood Manor et son élevage de chevaux sont isolés mais c’est dans le grenier de l’imposant manoir que débute l’horreur. Lilly Blackwood (9 ans), seule avec Abby, sa chatte rousse, sa meilleure amie, est enfermée là. Elle ne connaît le monde extérieur que grâce aux livres car son père lui a appris à lire et à écrire, quand même !

 

Quant à sa mère, c’est une bigote rigoriste qui ne lui apporte aucune affection. Pire que ça, en pleine nuit, elle vend sa fille à un certain Merrick, membre du cirque Barlow, cirque que Lilly apercevait du haut de son grenier car il faisait halte en bordure de la propriété.

 

Arrachée brutalement à sa prison, parce qu’elle serait différente, elle m’a permis de vivre au quotidien avec un cirque des années 1930. Animaux sauvages enchaînés, séquestrés, musée des horreurs humaines attirent tous ces « péquenauds », comme les gens du cirque appellent les citadins qui se pressent pour admirer les spectacles. Jusqu’à présent, ce terme de péquenaud semblait désigner les gens de la campagne… subtilités de la traduction…

 

Je n’oublie pas l’autre histoire parallèle, celle de Julia Blackwood, que je découvre alors qu’elle a dix-huit ans, en novembre 1956, à Long Island. Sa situation est pitoyable. Elle est obligée de chaparder pour se nourrir, de se changer dans les toilettes d’un supermarché et de consacrer le peu qu’elle gagne comme serveuse dans un bar, à payer son loyer.

 

 

Seulement, plusieurs indices permettent aussitôt de penser que les deux histoires, celle de Lilly et celle de Julia, risquent de se rejoindre. J’apprends que cette dernière a fui une mère très rigoriste et que son père s’est tué en voiture. De plus, elles portent le même nom de famille.

 

 

Le décor est planté, si j’ose dire, le roman est bien lancé et je n’avais qu’une envie : tourner les pages pour savoir, pour aller de surprise en surprise… pas souvent bonnes.

 

 

En même temps qu’elle dévoile le destin de ces deux jeunes filles, Ellen Marie Wiseman (photo ci-dessus) détaille bien le quotidien de tous ces gens d’un cirque d’entre deux-guerres, son mode de  déplacement – le train-, sa logistique, les rapports humains de domination et d’exploitation, l’utilisation de la souffrance de femmes et d’hommes dits anormaux pour attirer le public, le berner aussi.

 

Pendant que la vie de Julia change complètement, qu’elle se découvre un amour pour les chevaux, un don pour attirer leur sympathie, Lilly, des années auparavant, passe par tous les états, se fait brutaliser, exploiter jusqu’à ce qu’elle se réalise vraiment au contact des éléphants, grâce à Cole.

 

 

Les chevaux, les éléphants, l’autrice attire notre attention sur nos rapports avec les animaux. Certes, au cours de ces dernières années, une évolution favorable est constatée mais beaucoup trop d’animaux ne sont encore pas traités dignement, comme des êtres vivants, capables de ressentir maltraitance et privation de liberté.

 

 

La vie qu’on m’a choisie m’a passionné jusqu’au bout car c’est un roman qui va bien au-delà du sort assez extraordinaire des deux héroïnes. Même s’il se termine avec une bonne note d’espoir et d’optimisme, les malheurs et les souffrances endurées par Lilly m’ont arraché bien des larmes.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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