Tiffany McDaniel : Betty

Betty        par    Tiffany McDaniel.

 Gallmeister (2020) 716 pages.

Traduit de l’anglais (USA) par François Happe.

Prix du Roman Fnac 2020.

Prix America du meilleur roman 2020.

 

 

Betty est un  roman poignant que Tiffany McDaniel dédie à sa mère née le 12 février 1954 à Ozark dans l’Arkansas. Sur plus de 700 pages qu’on tourne sans s’en apercevoir, l’auteure raconte  à la première personne, le passage de l’enfance à l’âge adulte de celle qui est née moitié blanche, moitié indienne.

 

Difficile d’exprimer son ressenti sur un livre aussi riche et aussi éblouissant qui raconte comment une jeune femme métisse tente d’exister face aux réalités de la société rurale américaine.

 

Betty Carpenter est la sixième enfant d’une fratrie de huit, dont deux sont déjà morts lors de sa naissance. Fille d’Alka Lark, blonde et fragile et de Landon Carpenter, cet Indien cherokee descendant de guerriers, de guérisseurs et de sorciers, déportés dans des réserves jusqu’en Oklahoma, dont elle a hérité la peau cuivrée et une grande imagination grâce à ses  histoires magiques qui lui serviront à affronter le monde cruel dans ce coin de campagne de l’Amérique profonde, l’Ohio.

 

Si, dans la première partie, Je suis, 1909 – 1961, Betty (photos ci-contre et ci-dessous) raconte ses parents, leur rencontre, la naissance de ses frères et sœurs, une période d’errance, puis, cette attaque raciste dont est victime Landon à la mine par les hommes avec lesquels il travaille : « On pourrait croire qu’au fond de la mine, où tout le monde est noirci par le charbon, les différences n’existent plus entre nous... Qu’on peut travailler ensemble. »

 

En 1961, sa mère veut rentrer en Ohio où elle a ses racines, Ohio qu’ils avaient quitté en 1945. La famille va s’installer à Breathed, une bourgade imaginaire, dans un coin de campagne à la végétation luxuriante au pied des contreforts des Appalaches. Les quatre autres parties du roman nous permettent de suivre Betty jusqu’en 1973 et montrent comment le sexe et la classe sociale ont été, en sus de la couleur, des handicaps pour elle.

 

 

Très tôt, Betty est confrontée au racisme, que ce soit à l’école avec la brutalité de ses camarades de même que celle des enseignants ou dans la rue, et d’autre part, comment continuer à vivre lorsqu’on découvre que les personnes censées nous protéger sont de véritables monstres et ne pas être envahi par un sentiment de culpabilité pour ne pas avoir révélé les faits...

 

 

Betty comprend très vite le pouvoir de l’imagination capable de transcender la réalité environnante et qu’elle est une nécessité quand le monde devient trop rude et trop violent.

 

Les légendes de son peuple que son père lui raconte sont autant de leçons de vie qui lui permettent d’encaisser les blessures et de les réparer. Les mots seront également pour elle une autre échappatoire à cette cruauté de la vie. L’écriture est son refuge, elle griffonne sans cesse sur de petits papiers ses douleurs qu’elle enterre ensuite sous les pierres du jardin.

 

 

Douceur, poésie et violence se côtoient tout au long de ce roman à la fois enchanteur et tragique.

 

Une très belle page est celle où Betty définit son père : « je pensais que mon père  - comme les histoires que ces livres racontaient (ceux qu’elle empruntait à la bibliothèque) – était né de l’esprit de ces écrivains. »

 

 

Il est un véritable hymne à la terre, à la nature, à l’environnement, un hommage rendu par l’écrivaine à sa mère, mais aussi aux femmes qui ont su résister et se dresser face à l’adversité pour affirmer leur propre pouvoir.

 

 

Tiffany McDaniel (photo ci-dessous) fait preuve de beaucoup de sensibilité dans son ouvrage et j’ai particulièrement aimé la relation père-fille, tout l’amour que met Landon dans le surnom donné à sa fille Betty « Petite indienne » et les valeurs qu’il lui enseigne. Bouleversantes sont les relations intrafamiliales.

 

 

Lumière et noirceur, amour et méchanceté, sauvage et civilisé, les thèmes s’affrontent tout au long du roman mais la magie des mots de l’écrivaine parvient à illuminer notre lecture et à nous donner la force de ne pas baisser les bras.

 

 

C’est un livre qui ne peut laisser personne indifférent, un livre dont la force vous étreint et qui pourrait être une véritable source d’inspiration pour le futur.

 

Un grand MERCI à Simon pour cette lecture éblouissante.

Ghislaine

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Ah! Je partage votre description sur Betty.. Ce livre, je vais sûrement le relire. Il m'a fait grand bien. Merci!
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