Edouard Louis : En finir avec Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule    par    Edouard Louis.

Seuil, (2014), 219 pages ; Points (2020) 216 pages.

 

À 21 ans, Édouard Louis (photo ci-dessous) ne s’appelle plus Eddy Bellegueule, un nom qu’il a porté pendant une vingtaine d’années. Dans son premier roman, il se livre à un exercice très difficile puisqu’il parle de ce qu’il a vécu, de toutes les souffrances qu’il a endurées mais aussi de ce qui lui a permis de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouvait.

 

« De mon enfance, je n’ai aucun souvenir heureux. » Dès la première phrase, il m'est difficile de ne pas être en empathie avec ce garçon qui subit les crachats dans la figure, qui voit son père ivre très souvent et qui se sent un squelette dans une famille d’obèses…

 

Eddy Bellegueule est un nom de dur mais, « Très vite, j’ai brisé les espoirs et les rêves de mon père ». Ses manières sont féminines et ses goûts aussi. Ses parents le traitent de « gonzesse ».

 

Toujours avec cette souffrance à fleur de peau, ce mal-être qui l’empêche de répondre à ce qu’on attend de lui, Eddy fait pourtant des efforts : « On essaye dans un premier temps d’être comme les autres et j’ai essayé d’être comme tout le monde. » Chaque matin, il se dit : « Aujourd’hui, je serai un dur. » Ses tentatives avec Laura puis avec Sabrina sont un échec. Eddy ne peut qu’accepter et vivre cette homosexualité qu’il a découverte et appréciée avec d’autres camarades de son village.

 

C’est au collège qu’il reçoit coups et crachats de la part de deux garçons qui l’ont pris en grippe : « J’appréciais l’école. Pas le collège, la vie du collège : il y avait les deux garçons. Mais j’aimais les enseignants. Ils ne parlaient jamais de gonzesses ou de sales pédés. Ils nous expliquaient qu’il fallait accepter la différence, les discours de l’école républicaine, que nous étions égaux. »

 

 

Pauvreté, manque d’argent, la vie quotidienne dans son village de Picardie n’est pas facile. Eddy n’a plus qu’une issue : la fuite, n’ayant pas réussi à être comme les autres. « Il fallait fuir. » Son talent pour le théâtre lui permet de partir pour un lycée d’Amiens et l’internat.

 

 

En finir avec Eddy Bellegueule est un livre dérangeant et terriblement émouvant. Si son auteur l’a qualifié de roman et non d’autobiographie, c’est qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre. Par contre, sa lecture donne l’occasion d’une réflexion salutaire sur l’acceptation des différences et sur les souffrances que peuvent causer certaines réflexions et attitudes.

 

Jean-Paul

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