Jane Deuxard et Deloupy : Love story à l'iranienne

Love story à l’iranienne   BD  par Jane Deuxard et Deloupy.

 Delcourt/Mirages (2016) 140 pages

 

 

Aller enquêter sur place, se mêler à la vie de tous les jours, réussir à dialoguer, à échanger avec tous les risques que cela comporte et réaliser, au retour, une bande dessinée, remarquable témoignage très vivant et passionnant, c’est ce qu’a réussi Jane Deuxard, ce couple de journalistes, superbement servi par le dessin réaliste et émouvant de Zac Deloupy (photo ci-dessous).

 

 

Love story à l’iranienne est constitué de plusieurs rencontres avec de jeunes iraniens de milieux différents dans plusieurs villes du pays. Ils parlent, se confient, parfois pas facilement, dans des lieux qui doivent être discrets et leurs révélations, comme leurs doutes, leurs souffrances, leurs espoirs et, pour certains, leur satisfaction apportent énormément d’informations.

 

 

Les planches de dessins se succèdent, se renouvellent, les textes sont bien lisibles et les couleurs sont adaptées aux situations décrites. Le rôle de la mère de la fille, très exigeante pour le beau-fils, est expliqué tout comme celui de la police qui surveille constamment et réprime les fêtes que tente d’organiser la jeunesse. La musique est bannie du domaine public et fumer devient un acte de rébellion, un comble pour la santé publique !

 

 

Tout est décidé par le pouvoir religieux et le test de virginité est couramment demandé avant le mariage ce qui gangrène tous les rapports humains et favorise celles qui ont les moyens de se payer la reconstitution de leur hymen.

 

 

La question cruciale que se posent ces jeunes iraniens, c’est comment connaître quelqu’un avant de l’épouser quand on choisit pour vous et qu’il est très difficile de passer un moment ensemble sans témoin ? Le poids des traditions et de la religion est énorme. Une majorité d’Iraniens est réduite au silence après tant de répressions violentes dont l’historique est rappelé.

 

 

 

Les paraboles sont interdites mais 70 % des familles en possèdent et même les mollahs en ont ! De plus, le service militaire est passé de 18 à 24 mois et les jeunes, surdiplômés et sans travail, rêvent de partir à l’étranger.

 

 

L’humour est présent aussi comme lorsque Jamilah explique : « Mon mari fait du vin dans la baignoire, clandestinement évidemment. Il voudra absolument vous le faire déguster. » Le seul souci de ce couple est de faire des affaires et les voici déguisés en Picsous, plongeant dans un tas de pièces d’or…

 

 

Varié, précis, documenté, le récit de Jane Deuxard nous plonge dans une réalité que nous oublions trop facilement car on nous fait croire en un pays qui se libéralise sous prétexte d’accords internationaux alors que la répression s’accentue et que les libertés reculent toujours rendant très difficile la vie de toute une jeunesse.

 

 

Un grand MERCI à Vincent pour ce beau cadeau d’anniversaire magnifiquement dédicacé par Deloupy.

Jean-Paul

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